Disco-Fied est le premier album de Rhythm Heritage, un groupe composé de musiciens de studio. La formation en publie trois de plus jusqu’à la fin des années 70
Michael Omartian et Steve Barri montent Rhythm Heritage en 1975. Le premier est un claviériste de studio reconnu. Il a travaillé au cours de sa carrière avec Steely Dan, les Four Tops, Seals & Crofts ou encore Al Jarreau. Au début des années 80 il gagne même trois Grammy pour la production du premier album de Christopher Cross ! De son coté Steve Barri est déjà un briscard de la musique pop. Si vous vous passionnez de la musique pop américaine des années 60, à n’en pas douter vous avez déjà croisé son nom! Steve Barri est en effet un partenaire régulier d’écriture de PF Sloan. Il écrit ou produit des chansons des Turtles, Barry McGuire (Eve of Destruction) ou Johnny Rivers (Secret Agent Man). Son grand fait d’armes, dans les années soixante, reste cependant les Grass Roots. Avec la complicité de PF Sloan et sous la supervision de Lou Adler, Barri monte un groupe pour surfer sur la mode du folk-rock initiée par des artistes comme Bob Dylan, les Byrds ou les Beau Brummels.
Avec Rhythm Heritage, Barri semble ainsi reprendre une recette similaire, en s’inspirant cette fois-ci du succès de la musique disco. Il trouve alors en Omartian un nouveau complice ! Les deux américains font appel à la crème des musiciens de studio pour les accompagner: Ed Greene (batterie), Scott Edwards (basse), Victor Feldman (percussions) et une armée de guitaristes ! En plus de Dean Parks et Ben Benay notons la présence de Ray Parker Jr. Le nom vous dit quelque chose ? C’est effectivement lui qui a chanté le thème de Ghostbusters dans les 80s ! En invité, nous retrouvons également Lee Ritenour, un habitué des disques soft-rock, AOR des années 70/80.
Sur le papier, Disco-Fied de Rhythm Heritage attire tout autant qu’il ne laisse circonspect. Presque que des reprises, des requins de studios: de quoi avoir quelques doutes. Pas d’erreur pourtant, le premier album de la formation crée par Barri et Omartian tient ses promesses. Dès le morceau introductif, qui donne son nom à l’album, Rhythm Heritage envoie une disco-funk des plus efficaces et dansantes. Pas de chichis, ça balance comme il faut ! La suite du programme est tout aussi alléchante. Si s’attaquer à un standard du jazz comme Caravan peut surprendre, le rendu est plutôt sympathique. Cela reste peut être cependant le morceau le moins abouti de cette première face. Celle-ci se conclue en effet sur un doublé gagnant: Baretta’s Theme et Theme From SWAT. La première ralenti le tempo et sort la guitare fuzz. Celle-ci semble provenir directement d’un disque des Temptations de leur période soul psychédélique ! Pas le temps de se reposer pour autant. Theme from SWAT démarre en trombe dans une ambiance série 70s qui ravira les amateurs du genre. Le morceau se permet même de nous prendre à contrepied à mi-course avec un changement de tempo sensationnel.
La face B maintient le rythme. Rhythm Heritage en a encore sous la semelle. Blockbuster, bien qu’un peu cucu, surprend par un passage instrumental percussif digne d’Apache des Incredible Bongo Band. La reprise de Stevie Wonder (My Cherie d’Amour) tient mieux la route que prévu et constitue une agréable respiration. Il est désormais temps de sortir le seul autre titre original (avec les deux versions de disco-fied), l’excellente (it’s time to) boogie down. Si le morceau est classique dans sa conception, son efficacité ne se dément pas ! Avant de conclure sur la reprise du morceau titre, Rhythm Heritage propose une autre reprise piochée dans le répertoire des musiques de film: une cover du thème des 3 jours du Condor écrit par Dave Grusin. La version originale est une merveille de jazz-funk seventies. Le groupe de Barri et Omartian s’en tire fort bien dessus. Sans égaler le modèle, la formation en propose une bonne interprétation plus funky.
En neuf morceaux, Disco-Fied de Rhythm Heritage propose un excellent album disco-funk. Si les reprises peuvent initialement inquiétées, elles s’avèrent réussies et participent à l’identité du projet. Sans surprise, ce disque a été samplé à de multiples reprises et sur plusieurs morceaux.
Note personnelle: 4/5