Les diggers aguerris connaissent certainement Cosmic Sea (1973) des Mystic Moods, un fabuleux morceau quasi-instrumental convoquant l’abstract hip-hop et le trip-hop, 20 ans avant ! Au delà de cette perle, faut-il s’intéresser à la discographie de ce groupe ? Partons aujourd’hui à la découverte d’Erogenous sorti en 1974: tout un programme !
Les Mystic Moods ne sont pas un véritable groupe mais un projet de studio né dans les années soixante. L’histoire est d’ailleurs fascinante. Brad Miller expérimente avec le field recording dans les années 50. Cette pratique consiste à enregistrer les bruits extérieurs comme la pluie, les trains, la foule etc. Il fonde sa société en 1958 et édite des vinyles d’effets sonores (comme des enregistrements de locomotives en stéréo). Dans les années 60, Ernie McDaniel, un dj d’une radio à Frisco (KFOG) mixe en direct à la radio un des disques de Miller avec un album d’easy listening. Le standard croule sous les appels: le début de l’aventure.
Pour créer Mystic Moods, Brad Miller s’associe avec des producteurs et arrangeurs. Sur Erogenous il travaille ainsi, en particulier, avec Hal Winn et Don McGinnis. Les deux musiciens sont expérimentés. Hal Winn fonde plusieurs labels dans les années 60, notamment Double Shot bien connus des garageux pour héberger le classique Nuggets psychotic reaction des Count Five. Don, de son coté, a travaillé avec Freddy Cannon, les Monkees ou encore le Bob Jung and His Orchestra. Bref tout ce beau monde s’associe pour continuer l’aventure Mystic Moods.
Erogenous offre une évidente continuité avec le reste de la discographie de la formation. Il est toujours question de musique pour accompagner les préliminaires et le coït. La recette n’a guère changé depuis cette rencontre magique un soir étoilé sur les bandes AM de la ville sur la baie. La face A offre ainsi une longue plage mêlant morceaux (instrumentaux et chantés) à des bruits d’orage de pluie. Le parfait écrin d’une affaire rondement menée. Si les bruits blancs sont moins présents de l’autre coté, ils reviennent par intermittence à notre bon souvenir.
Mystic Moods incarne parfaitement l’idée de musique utilitaire. Souvent mal vue par les puristes, la fonction peut néanmoins provoquer de belles surprises. La library en est un des exemples les plus parlants. Ce disque, sans être parfait, peut également interpeler les plus aventuriers d’entre vous.
Ceux-là découvriront un disque maitrisé et agréable de bout en bout. Produit avec goût et maitrise, les Mystic Moods y explorent une musique gentiment funky parfois très réussi. Placé en fin de programme, Midnight Snack est indéniablement le meilleur morceau du lot, un excellent titre instrumental très bien mené. The Other Side of Midnight, sur la face A, constitue lui aussi une bonne surprise. Enfin Any way You Want It et Honey Trippin’ tirent également leur épingle du jeu.
Sans être aussi mémorable que la fantastique Cosmic Sea , Erogenous des Mystic Moods donne à un entendre de très belles choses et un disque cohérent. Bref un 33 tours plutôt chouette, par contre je ne vous garantie pas sa réussite en contexte !
note personnelle: 3,5/5
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