Après ma session shopping du 2 octobre, une dizaine de jours plus tard, je suis retourné à Gibert en espérant retrouver des maxis jungle de Shy FX ou Adam F. De ce coté là, la pêche ne fut pas aussi bonne (un double maxi de LTJ Bukem de 1997) mais j’ai pris un peu plus le temps de regarder d’autres rayons. Je me suis attardé notamment sur les occasions en bandes originales. J’y ai trouvé Diva de Vladimir Cosma.
Si vous fréquentez assidument les bacs des disquaires, ce 33 tours ne sera pas forcément une surprise pour vous: on le voit souvent ! Il y a quelques mois, pendant une session de découvertes sur discogs, le disque est sorti dans mes recommandations, l’occasion de le survoler. J’y ai entendu de belles choses et depuis je me suis mis en chasse du disque à prix modeste. Nous voilà donc un beau jour d’octobre et il est devant moi: Diva de Vladimir Cosma, en excellent état pour 6 euros. C’était le prix que je souhaitais payer pour ce disque qui vaut dans les 5 euros sur discogs (un candidat pour une future playlist albums pas chers ?). Bref je suis reparti avec et j’ai décidé aussi de vous en parler ici.
Diva de Vladimir Cosma est une drôle d’affaire. L’album démarre sur une interprétation par la chanteuse d’opéra Whilelmenia Fernandez. Cet air, signé du compositeur italien Alfredo Catalani (XIXe siècle), semble être un filigrane du film. Il est repris ici trois fois (en début de face A et sur la fin des deux faces). Le reste de la musique est signée du franco-roumain Vladimir Cosma.
Le compositeur est une valeur sûre du cinéma français des années 70/80. Nous le retrouvons aux baguettes pour des classiques tels que La Boum, Rabbi Jaccob, Le Grand Blond avec Une Chaussure Noire ou encore le prix du danger. Bref Cosma était partout à cette époque ! Diva reste une surprise. En dehors des airs d’opéra, la bande originale évolue quelque part entre Erik Satie et Tangerine Dream.
Les deux versions de Promenade Sentimentale convoque en effet le compositeur d’Arcueil dans un registre un peu plus jazzy. Ces exercices au piano solo pourraient se révéler plat, il n’en est rien, ils ont quelque chose d’assez profond et attachant. Cosma explore par ailleurs une palette presque abstraite. Ses morceaux instrumentaux ressemblent parfois à des drones ou aux longues plages éthérées des musiciens électroniques de la fin des années 70 comme l’école de Berlin ou Richard Pinhas.
Metro Police, par exemple, se construit autour de percussions (des tablas) et d’une mélodie en arpège de ce qui semble être un clavecin ou une boîte à musique. Un synthétiseur vient relever l’ensemble. En trois minutes le titre offre un voyage relaxant et intérieur. À l’inverse, Le Curé et L’Antillais ou L’usine Désaffectée se révèlent menaçantes. Il en est de même pour l’étonnante Voie Sans Issue et sa boîte à rythme électronique déglinguée. Gorodish s’avère heureusement plus lumineuse. Ses mélodies distantes semblent se confondre avec le halo du soleil ou de l’océan.
En écoutant cette bande originale, j’y ai retrouvé les qualités plastiques (dans les deux sens du terme) des films et compositions de Luc Besson des années 80-90 (Subway ou Le Grand Bleu par exemple). En faisant mes recherches sur le film, j’ai appris que Jean Jacques Beineix avait lui aussi été associé à un courant de réalisateurs dans cette période: le cinéma du Look. Diva traduit aussi cette idée musicalement, Cosma s’éloigne des standards des années 70 pour proposer une musique onirique et aérienne. Les orchestrations minimales accompagnent des mélodies répétitives très évocatrices.
Diva est une très belle surprise. Certes, en tant qu’album, l’ensemble pêche un peu par son absence de cohérence mais la musique de Cosma est gracieuse et étonnante. À mettre sur votre chemin si vous aimez les bandes originales ou la musique répétitive des années 70/80.
Note personnelle: 3,5/5
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