ALBUM: Walter Wanderley “Kee-Ka-Roo” (Verve, 1968)

Au coté d’Hugo Montenegro, Les Baxter, Paul Mauriat, The Mystic Moods, Martin Denny ou James Last, Walter Wanderley représente une certaine idée de l’easy listening des années 60. Avec le Brésilien, pas besoin d’une machine à remonter le temps pour nous replonger dans The Party et James Bond !

Né à Recife en 1932, Walter Wanderley s’intéresse très tôt à l’orgue et démarre sa carrière au Brésil. À la fin des années 50 il déménage à Sao Paulo et joue dans les clubs. Un an plus tard il signe un contrat discographique et démarre une longue série d’albums. Pendant une tournée brésilienne Tony Bennett le repère et arrive à le faire signer chez Verve en 1966. Walter Wanderley enregistre alors de nombreux albums pour le marché américain en l’espace de quelques années. Parmi eux se trouvent Rain Forest (1966), A Certain Smile, A Certain Sadness (1966, avec Astrud Gilberto) ou Kee-Ka-Roo (1968) auquel nous nous intéressons plus spécifiquement aujourd’hui.

Sur Kee-Ka-Roo, Walter Wanderley déploie un savoir-faire des plus accomplis. Si l’orgue du Brésilien a toujours ce son très percussif (parfois je pense qu’il s’agit d’un piano électrique), il est accompagné de flûtes virevoltantes, percussions ondoyantes et de guitares délicatement jazzy. Majoritairement instrumentale (un seul morceau chanté) la musique de Walter Wanderley ébauche l’accompagnement sonore d’un cocktail mondain et raffiné. Le musicien n’en oublie pas ses racines brésiliennes, son easy listening est infusée de bossa nova mélancolique et gracile.

L’écriture se partage entre titres originaux composés par Wanderley ou ses camarades (José Marino et Dom Um Romano) et des reprises. Celles-ci sont piochées dans le répertoire easy listening (Music To Watch Girl By rendu célèbre par Bob Crewe) ou brésilien (Canto de Ossanha de Baden Powell et Vinicius de Moraes). Kee-Ka-Roo est une expérience auditive des plus agréables. Nous nous laissons embarquer par ces mélodies fluides et élégantes, magnifiée par le jeu des musiciens et un enregistrement impeccable.

Si l’on excepte Wait Until Dark, la chanson et un des points faibles de cet album, Kee-Ka-Roo est un plaisir de tous les instants. Parmi les grandes réussites mentionnons Amazonas. Ecrite par le grand Joao Donato, la composition devient une merveille de douceur entre les mains de Walter Wanderley. À l’inverse, le morceau titre voit l’organiste brésilien se confronter à la soul instrumental des Bar-Kays ou Billy Preston. Sambao mise à nouveau sur la musique brésilienne. Ce titre très enjoué est une des nombreuses merveilles de cet album.

Walter Wanderley, fut avec d’autres (Sergio Mendes) un des grands protagonistes de la reconnaissance de la musique brésilienne en Amérique du Nord. Sous des allures de musique légère, les propositions du musicien brésilien possède une profondeur et une élégance loin de s’effacer avec les années. Kee-Ka-Roo constitue un très beau témoignage du talent de Wanderley.

note personnelle: 4/5

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