CINEMA: “Presque Célèbre” (2000) de Cameron Crowe

En lançant cette rubrique sur le cinéma, sur un site dédié à la musique, Presque Célèbre (Almost Famous, en version originale), écrit et réalisé par Cameron Crowe, était un des films dont je souhaitais le plus parler ! Sans en dévoiler la critique, il s’agit pour moi d’un des meilleurs longs métrages sur ce sujet difficile de la musique, avec notamment That Thing You Do! (1996, Tom Hanks) ou Spinal Tap (1984, Rob Reiner).

Dans Presque Célèbre, Cameron Crowe s’est librement inspiré de son propre parcours. En avance scolairement, comme le personnage de William Miller (joué par Patrick Fugit), il suit pour le magazine Rolling Stone, plusieurs groupes en tournées dont les Allman Brothers. Au début des années 80, il écrit un premier livre, adapté au cinéma et le voilà réalisateur. Dans ce rôle on notera notamment Singles (1992) sorti en pleine vague grunge ! Ses réalisations les plus connues restent cependant, en plus de Presque Célèbre, Jerry Maguire (1996) et Vanilla Sky (2001).

Sans dévoiler l’ensemble de l’intrigue, Presque Célèbre part à la découvert de l’apprenti journaliste William Miller, doté d’une mère hélicoptère (jouée par Frances McDormand). Nous sommes dans une déclinaison du récit initiatique (Coming of Age) avec des éléments de comédie et drame. Le personnage principale est féru de rock et d’écriture. Il arrive à placer une proposition pour Rolling Stone et le voilà en tournée à suivre Stillwater et son entourage (manageur, band aids), des apprentis stars (d’où le titre du film – également le nom de leur tournée fictive). Nous suivons donc un journaliste qui suit lui même un groupe.

Cameron Crowe dessine les contours d’une époque qu’il a aimé. Il ne fait pourtant pas preuve d’un zèle excessif pour la dépeindre. Précisément parce qu’il y était ! Si l’on peut être touché par les diverses aventures du groupe de rock, leurs pitreries, il est aussi difficile de ne pas en voir les limites (la toxicité, les excès en tout genre). Dans ce maëlstrom, la groupie (band aid selon ses termes) Penny Lane (jouée par Kate Hudson) a l’un des rôles les plus attachants et profonds du film. J’aime aussi énormément la partition du regretté Philip Seymour Hoffman en Lester Bangs plus vrai que nature, véritable mentor/ange gardien de notre journaliste en herbe.

Presque Célèbre accorde une place de choix à la musique évidemment. Cameron Crowe a écrit quelques morceaux du groupe fictif pour l’occasion (avec sa désormais ex-femme Nancy Wilson de Heart). La bande originale regorge de classiques de Led Zeppelin, Clarence Carter, Fleetwood Mac, Cat Stevens, Simon & Garfunkel ou Lynyrd Skynyrd ! Ces morceaux accompagnent parfaitement le film, leur intégration est fluide et amène vraiment du contexte. Je précise car parfois ce genre de choix a quelque chose d’artificiel, pour forcer le spectateur à se projeter dans le film. Cameron Crowe prend clairement du plaisir à donner vie à la musique.

Les deux heures du film (dans sa version classique, pas vu la version de 2h30 encore) se déroulent avec plaisir et fluidité. Cameron Crowe arrive à trouver un enjeu dans le contexte pour offrir une véritable histoire. J’avais peur en renvoyant Presque Célèbre d’être potentiellement gêné par son contenu. Bonne nouvelle: je trouve le film toujours très juste et assez fin. Presque Célèbre est vraiment un des films les plus réussis sur la musique rock, un véritable plaidoyer pour le genre mais sans verser dans l’apologie aveuglée non plus. Cameron Crowe a un propos nuancé, parfois cruel (mais absolument nécessaire). Presque Célèbre est un très très chouette film !

note personnelle: 4,5/5