OPINION: la banqueroute de Vice

Les semaines passent et se ressemblent, après Pitchfork ou bandcamp, Vice était au cœur de l’information le 22 février 2024. Le constat est toujours le même: des licenciements massifs de journalistes et un recentrage du modèle économique sur les réseaux sociaux. On commence malheureusement à connaître la musique.

Quelques différences

La situation diffèrent cependant un tout petit peu des deux autres entités: ces dernières donnaient l’impression extérieure d’aller bien et d’être profitables. Nous savions en revanche que Vice était dans la tourmente depuis un certain temps. La section française fut arrêtée il y a un an déjà et la partie musique (Noisey) était largement inactive depuis quelques années.

Un média qui fut important

Après des débuts modestes à Montréal dans le milieu du skate, puis la version papier gratuite, Vice s’est beaucoup développé sur internet. Le titre a été, un temps, la voix, d’une génération, proposant des documentaires de qualité et des reportages sur des sujets inédits. La partie musique était également excellente. Tout le monde a en tête au moins un docu ou reportage de Vice.

L’histoire était peut être trop belle. Vice a été valorisé 5,7 milliards de $ en 2017, sans pour autant trouver un modèle économique stable. Développements anarchiques et capitaux injectés à hautes doses ont été les pierres angulaires de la situation actuelle. Ils ont dilués l’esprit du titre tout en repoussant l’échéance de la mise en place d’une stratégie pour être bénéficiaire.

Il faut trouver un modèle économique

Que ce soit Buzzfeed, Pitchfork ou Vice, faire du journalisme sur internet est une belle initiative mais se heurte toujours à la même question: avec quel modèle économique ?

Le journalisme a un coût, la production de vidéos également, comment trouver une solution pérenne pour les financer ? La solution généralement adoptée était une martingale: faire rentrer du cash via des investisseurs. Espérer devenir gros et important pour attirer massivement des annonceurs.

Sur twitter, nombres de journalistes nord-américains se plaignent des émoluments des cadres de Vice. S’ils sont choquants et injustifiés, ils ne sont pas la cause de la banqueroute de Vice. La raison est beaucoup plus bête: aujourd’hui, la publicité sur internet ne permet pas de payer les journalistes.

Une situation inquiétante

Certaines initiatives autogérées par des journalistes prennent (Les Jours par exemple), celles-ci apparaissent être des goûts d’eau dans le marasme actuel. Beaucoup de médias de la génération internet disparaissent les uns après les autres.

Le métier de journalisme est ainsi plus précaire que jamais. Se pose aussi la question de l’archivage d’internet. La banqueroute de Vice interroge sur l’avenir du contenu écrit par des milliers de journalistes. Va-t-on perdre définitivement tout ce savoir?

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