Aujourd’hui, évoquons une excellente production française (contrairement aux apparences): Crystal World de Crystal Grass. Le succès de ce morceau dans les boîtes discos de New York (un classique du Paradise Garage !) permet à ce 45 tours d’être publié aux Etats Unis ! En l’écoutant, l’évidence saute aux yeux: les Français sont capables de fort belles choses dans certaines circonstances.
Derrière Crystal Grass nous retrouvons Nicolas Skorsky à la production et Raymond Donnez aux arrangements. Les deux musiciens sont des habitués de ce genre de projets dans les années 70. Nous croisons Nicolas Skorsky par exemple dans Santa Esmeralda qui apparaît dans la bande originale du film disco Thank God It’s Friday avec Sevilla Nights. Il est aussi parolier pour Claude François. Il produit et compose pour de nombreux artistes jusque dans les années 2000 (Sully Sefil !). Il décède malheureusement dans des circonstances tragiques en 2014. À ce jour son meurtre est toujours non élucidé. De son coté Raymond Donnez travaille par exemple sur Revelacion et Kongas (un projet de Cerrone). La page discogs indique que l’orchestre était supervisé par Lee Halliday et comprenait des habitués des studios français comme Christian Padovan ou Slim Pezin. Sont-ils déjà là tous sur ce single?
Il n’est pas si surprenant que les disc-jockeys américains aient flashés sur ce morceau de nos français Crystal Grass. De nombreux djs de l’époque cherchaient à surprendre leur public avec des disques dénichés en import. Ils permettent à de nombreux morceaux étrangers (hors Etats Unis) de se faire une place sur le continent américain. Dans les cas célèbres mentionnons ainsi le groupe espagnol Barrabas ou le musicien camerounais Manu Dibango.
En 1974, la disco est encore une matière mouvante, s’imprégnant de soul et de funk. Pour Crystal World les Français s’inspirent clairement du son soul psychédélique des productions motown de Norman Whitfield (Undisputed Truth, The Temptations etc.). Skorsky et Donnez ont cependant l’intelligence d’y ajouter une rythmique absolument dévastatrice pour retourner un dancefloor en deux secondes. Le morceau combine ainsi le meilleur du son américain de l’époque avec une approche plus européenne. Le travail sur les arrangements est excellents, avec de nombreuses bonnes idées et un saxophone presque psychédélique superbe !
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