Faire un label indépendant de pop/rock en France est tout sauf une sinécure. Pourtant c’est un travail de défrichage et témoignage important. Si ces labels n’étaient pas là, qui pour inscrire dans le temps tous ces excellents groupes ?
Voici une liste, très subjective, de dix labels indépendants français. Pour choisir, j’ai été au plus simple en pensant à des disques que j’aimais profondément et présents dans ma propre collection. Bien sûr, il y avait beaucoup d’autres noms à citer !
En avant propos, en voici quelques uns: Objet Disque, Talitres, Arbouse, Buddy Records, Gone with the Weed, Cranes Records, Teenage Menopause, La Bulle Sonore, Entreprise, microqlima, Vietnam, Howlin Banana, Géographie, Le Cèpe, WeWant2Wecord, Midnight Special Records, Mauvaise Fois Records, Le Pop Club, October Tone, Platinum, Vicious Circle et bien d’autres.
PS: allez aussi voir le nôtre, Requiem Pour Un Twister.
01 – New Rose (1981, Paris)
Fondé par Patrick Mathé et Louis Thévenon, New Rose est une boutique, un label français indépendant et un distributeur. Né de la vague punk britannique (le nom fait référence au single des Damned, premier disque punk indépendant), New Rose va vite devenir une plateforme pour les groupes du monde entier (les Saints d’Australie, les Real Kids de Boston etc.) mais aussi pour la scène hexagonale. Le label mène en effet une politique de signatures exemplaires, faisant cohabiter les projets post-Olivensteins (Gilles Tandy ou les Rythmeurs) avec les excellentes Calamités ou les trop méconnus Colm.
02 – Réflexes (1983, Paris)
Aventure de courte durée (trois ans) menée, notamment par Patrice Fabien et Thierry Bisch, Réflexes tente de dépoussiérer le rock français dans les années 80. Un des aspects intéressants du label se situe dans son graphisme très particulier: des aérographes aux couleurs acidulées. Ces visuels accompagnent une politique de signature ambitieuse avec de nombreuses formations cultes comme les Ablettes, Les Désaxés, les Bandits, Ich Libido etc. Pour ma part je suis particulièrement fan des 45 tours des Arrache-Coeurs (avec Cathy Claret et a priori Pascal Comelade aussi sur le 45) et bien sûr le fantastique Un été sur la plage de Tina et les Fairlanes !
03 -Closer (1983, Le Havre)
Comme New Rose, Closer joue à la fois carte locale et internationale. Je trouve que le label normand est particulièrement mémorable dans ce deuxième registre. Closer prend en licence le classique premier album de Dream Syndicate ou de nombreuses excellentes productions australiennes signées des Sunnyboys ou Lime Spiders. Coté français, le label est à fond dans le rock anglophone, qui comme vous le savez m’intéresse généralement moins que la production francophone (il y a des exceptions évidemment !). Notons tout de même plusieurs albums du monument national Kid Pharaon. Le label est toujours en activité à ce jour et se concentre sur une approche plus patrimoniale.
04 – Rosebud Records (1990, Rennes)
Né en Bretagne au début des années 90 (1990 ou 1991), Rosebud est peut-être l’un des labels français les plus emblématique de la pop indépendante. Fondé par Alain Gac, la petite structure va écrire une belle page de la musique nationale souterraine dans une décennie où tout était à faire. Le label publie notamment le tout premier album de Katerine. Après des participations à des compilations K7 et un flexi, le chanteur fantasque va marquer l’histoire de la pop française; l’aventure démarre en partie chez Rosebud ! Il n’est pas le seul trésor de la discographie du label: Welcome To Julian, Les Freluquets, Chelsea, Ollano, The Little Rabits et beaucoup d’autres !
05 – Tricatel (1995, Paris)
Tricatel, La maison de disques fondée par Bertrand Burgalat se porte plutôt bien et continue de nous offrir quelques superbes sorties dont le magnifique album des LORD$ cette année ! En presque 30 ans d’existence le label nous a offert de nombreux classiques. Il y a bien sûr la discographie impeccable du patron lui même mais aussi les albums d’AS Dragon, ceux de Valérie Lemercier ou Michel Houellebecq. Tricatel pourrait prendre sa retraite mais le label continue de proposer des disques vraiment intéressants, un label dont la France devrait un peu plus se targuer !
06 – Clapping Music (2000, Paris)
Label exigeant mais pas chiant, Clapping Music nous manque ! La structure défend une electronica poétique (Encre, My Jazzy Child, Domotic, Clara Clara) mais sort également de nombreux projets rock remarqué (Yeti Lane, Réveille). Personnellement je retiens en particulier les fantastiques contributions d’Orval Carlos Sibelius (le fantastique Super Forma) ou l’étonnant Matrice de Wilfried*. Le label a malheureusement cessé ses activités en 2016.
07 – SDZ Records (2000, Paris)
Label artisanal en activité depuis 24 ans ! Un petit exploit quand on sait les difficultés que ce genre de projet représente: un véritable sacerdoce. SDZ défend une scène rock underground française et internationale, toujours de qualité ! Cheveu côtoie les Mantles, les Limiñanas ou Exek. Le label a sorti quelques futurs classiques du rock français comme le premier album de Rose Mercie ou le dernier des regrettés Pierre et Bastien.
08 – Born Bad (2006, Romainville)
Tout droit venu du 93, faut-il encore présenter Born Bad ? Après son départ d’une major, JB devient le fer de lance des labels de la scène underground française. Depuis 18 ans, Born Bad a développé une forte identité aussi bien musicale qu’esthétique. Se partageant entre rééditions/compilations (Les Calamités, la série Wizzz, Henri Salvador, Pierre Vassiliu) et nouveautés (Forever Pavot, Pleasure Principle, Bryan’s Magic Tears etc.), Born Bad est tout autant pertinent dans les deux registres ! Un des labels les plus précieux de la musique actuelle.
09 – Le Turc Mécanique (2012, Paris)
Après douze ans d’activisme, le Turc Mécanique a tiré sa révérence en 2024. Dommage mais si compréhensible tant avoir un label en France est un sacerdoce ! Si vous avez croisé les deux lascars de LTM en convention ou sur des festivals (La Villette Sonique) vous vous en souvenez forcément ! Charles Crost était d’un enthousiasme contagieux ! La discographie du label n’a certainement pas à rougir face aux autres labels de cette sélection. LTM a vraiment essayé de faire quelque chose et a proposé de vrais beaux disques pendant plus de dix ans. Parmi mes favoris je retiendrais ainsi le premier album de Marble Arch (que nous avons co-sorti ensemble !), l’excellent Vallée Etroite de Ballardur ou les deux mini-albums de Tôle Froide.
10 – Hidden Bay (2016, Toulouse)
Depuis Toulouse, le label artisanal Hidden Bay mène sa barque depuis presque dix ans. Comme les pimousses, Hidden Bay est petit mais costaud. La structure alterne des sorties internationales qualitatives (The Death of Pop, Dignan Porch) avec de nombreux espoirs de la scène indie-pop hexagonale comme Special Friend, Hobby ou Sinaïve.
Bonus labels indépendants français
Je participe moi même à deux labels: Croque Macadam et Requiem Pour Un Twister. J’ai dédié une playlist au premier des deux ici même, dont voici le lien.