PRATIQUE: comprendre les problèmes de contrôle qualité des vinyles contemporains

La semaine passée j’ai déballé trois vinyles défectueux. Les défauts étaient plus ou moins grave mais suffisamment pour ne pas donner une expérience d’écoute satisfaisante. Si vous achetez régulièrement des vinyles neufs chez votre disquaire, en grandes enseignes ou en ligne, vous avez forcément constaté que certains albums avaient des problèmes de contrôle qualité. C’est un sujet régulier sur le youtube anglophone ainsi que sur discogs mais finalement assez absent des débats en France. Cet article vous aidera à les identifier et à en comprendre l’origine.

PS: si vous êtes professionnels ou connaissez bien le processus, n’hésitez pas à me rectifier si je dis des choses trop imprécises. J’ai essayé de me renseigner au mieux des infos que je pouvais trouver.

Le vinyle, un procédé délicat

Une fois que le groupe a enregistré, mixé et masterisé son album (entièrement en analogique ?), il est temps de passer à l’étape du pressage du vinyle. Support délicat de par sa nature physique, le vinyle nécessite quelque précaution de la part des groupes/labels qui veulent voir leur musique dans les sillons d’un disque noir. Il est généralement conseillé de préparer un master dédié au vinyle. Le bas du spectre doit être en mono, la dynamique aérée et pas surcompressée etc. Autre détail d’importance: penser à la longueur pas face, on recommande généralement moins de 22 minutes pour un 33 tours (et 5 minutes pour un 45 tours). Une fois la musique adaptée au support, il est temps de démarrer le processus qui nous conduira à un vinyle. Il y a alors deux options: la lacque et le DMM.

Le DMM est la méthode la plus moderne, née à la fin de l’ère du vinyle. Elle est moins courante que la lacque car le matériel n’est plus produit depuis la fin des années 80. Toutes les usines de pressage DMM se situe en Europe et plus particulièrement en République Tchèque, Allemagne ou Pays Bas. L’acteur le plus connu à fonctionner en DMM est le géant GZ, très présent sur le marché (quand vous voyez made in Czech Republic !). DMM signifie Direct Metal Mastering. L’ingénieur son grave le mastering de l’album sur des disques en cuivre. Bien que non lisible sur une platine, ce disque est gravé comme un vinyle, c’est à dire en positif (avec les sillons à l’intérieur). À partir de cet original sera créé un stamper qui servira à presser les disques via la galvanoplastie (on en reparle en dessous).

La lacque est la méthode traditionnelle de pressage d’un vinyle. L’ingénieur son grave un acetate dans son studio. Les deux disques (un par face, des positifs) sont ensuite envoyés à l’usine de pressage. Celle-ci réalise une galvanoplastie (electroplating en anglais), étape sensible et cruciale ! On vaporise de l’argent à la surface avant de plonger la lacque dans un bain de nickel. Par courant électrique, va se former une matrice, dite father (père). À partir de ce father sont réalisés des mothers qui serviront pour les stampers (en négatif). La lacque est une matière assez sensible, plus molle que le vinyle traditionnelle. De ce fait, elle requiert un certain soin, notamment dans la conservation. Elles sont assez sensibles à la température.

Il n’y a pas de bon choix entre lacques et DMM. La lacque est réputée plus musicale, tandis que le DMM est plus droit et un peu plus aigrelet. Le DMM offre néanmoins beaucoup moins de mauvaises surprises qu’une lacque. En revanche, si on en a la possibilité, faire une lacque sous la supervision d’un ingé son spécialisée est une vrai plus value ! Dans tous les cas, après la réalisation des stampers, on envoie un biscuit de PVC entre deux plaques et on presse. Ensuite le disque est séché, on en coupe les rebords puis on le met dans une pochette.

la nécessité d’un contrôle qualité

Toutes les étapes du pressage d’un vinyle sont sensibles et peuvent varier en qualité. Il y a quelques années Apollo Masters a brûlé (article): c’était l’un des deux seuls fournisseurs de lacques au monde ! Toutes les étapes peuvent ainsi induire des problèmes. Certains sont moins graves que d’autres car ils ne concernant pas l’ensemble d’un lot (batch) de disques. Par exemple si la galvano a été foirée, c’est tous les disques qui sonneront mal. En revanche, le défaut ne peut concerner que quelques copies.

Il faut donc un contrôle qualité à chaque étape. Penser à bien nettoyer les matrices, vérifier que le test pressing sonne bien (responsabilité du label) et enfin contrôler visuellement les disques. Cette étape se fait généralement par échantillonnage car elle est très chronophage. Visiblement chez certaines presses, avec le succès du vinyle, les contrôles qualité ont été espacés ! D’une manière générale, la pression sur les usines, conduit certainement des acteurs à rusher d’où des problèmes de qualité sur les vinyles neufs assez récurrents !

les problèmes sur les vinyles neufs

Quiconque achetant des vinyles neufs depuis une dizaine d’années constatera que la situation s’est empirée ces dernières années. De nombreux amateurs alertent d’ailleurs de la situation. Reddit, youtube, discogs ou forum spécialisé, partout le même discours: le contrôle qualité n’est pas bien fait. Voici donc une liste de problèmes classiques et les possibles causes.

Les rayures

Certains disques neufs arrivent avec une ou des rayures, celles-ci sont généralement audibles sur plusieurs rotations. Un son très court et aigu. Ce problème interviendra sûrement au moment du pressage. Il peut y avoir un déchet (par exemple du papier du macaron) sur l’une des matrices ou une griffure (par exemple si le stamper a été trop utilisé). Ce défaut ne sera probablement pas récurrent sur le lot.

le bruit de fond et les clics

Le bruit de fond peut avoir différentes origines mais sera généralement une constante dans un lot. Avoir un peu de bruit de fond n’est pas problématique, il faut que le ratio bruit de fond/musique reste acceptable pour pouvoir vivre l’expérience musicale.

La raison la plus courante sera l’origine de la matière. Les disques couleurs ont tendance à avoir un peu plus de bruit de fond que les disques noirs, car il y a des ajouts de substance au PVC. L’usage de matière recyclée peut aussi avoir des conséquences !

Le bruit de fond peut aussi venir d’un problème de non-fill (je détaille en dessous) il sera assorti de clics. C’est un défaut que je constate très régulièrement.

Les disques voilés ou mal centrés

Les disques voilés (warped en anglais) ne sont pas toujours le fait d’un mauvais contrôle qualité pendant le pressage. Ils peuvent néanmoins provenir de l’usine. Un disque peut se voiler s’il est mal stocké (disquaire, distributeur, envoi) ou pendant l’étape de séchage. Il est facile de répérer un disque voilé: il va faire monter et descendre la cellule ! Un disque légèrement voilé sera OK, mais cela peut prendre des proportions dramatiques et complètement ruiner l’expérience d’écoute (bruit de fond, wow and flutter etc.). Il existe des machines pour aplatir les disques mais elles coûtent chères ! Tous les disques d’un même lot ne seront pas nécessairement voilés. Contrairement à la croyance populaire, un 180 grammes pourra être tout autant concerné qu’un disque classique au phénomène.

Le mauvais centrage est un problème qualité totalement dépendant de l’usine de pressage. C’est un défaut de calibration avant de lancer le pressage. Un disque mal centré offrira une expérience d’écoute désagréable à cause du wow & flutter. On entend le phénomène sur les notes tenues longtemps, quand elles semblent devenir floues. Un disque mal centré va accélérer et décélérer successivement.

Les bruits de zips, les bulles, le papier dans les sillons…

Le papier dans les sillons est un classique. C’est la faute à pas de chance et un contrôle qualité peu rigoureux. Un remplacement du disque devrait résoudre le problème.

Les bulles sont plus inquiétantes comme les bruits de zips (quand l’ensemble du spectre est coupé plutôt qu’avoir un clic comme une poussière). Ces défauts de qualité sont probablement dus à un manque de matière première PVC lors du pressage. Ainsi le biscuit ne remplit pas l’ensemble des sillons ! C’est un problème très courant. Les zébrures sur les disques sont généralement un signe de ce manque de PVC pendant le pressage. La lacque étant plus sensible, les étapes successives rendent le support plus fragile à cette question.

Un problème qui devrait alerter les labels

Dans un contexte où les vinyles neufs sont trop chers et où les disquaires sont dans une situation critique, il est important que les labels suivent ces questions autour des problèmes qualité. Ce sont eux et les artistes en première ligne si un disque est défectueux. Il s’agit alors d’identifier les mauvaises usines de pressage (et il y en a !) et surtout de suivre les étapes d’un pressage notamment celle crucial du test pressing.

Ces problèmes ne sont pas une anomalie, leur fréquence est importante. Je la situerai autour de 5% (chiffre au doigt mouillé sur mes expériences personnelles). Me concernant, j’ai acheté, depuis cet été, au moins 5 albums neufs avec un problème que j’estime sérieux et éliminatoire (gâchant mon expérience d’écoute). Pour beaucoup d’entre nous, le niveau d’exigence a d’ailleurs baissé, en acceptant des petits défauts. Avec discogs, les passionnés de vinyles mentionnent désormais très régulièrement les problèmes de pressage. D’ailleurs je vous invite à consulter la base de donnée, très informative !

Il est inquiétant que dans le contexte actuel: les vinyles soient de moins bonne qualité tandis que leur prix a augmenté (surpassant l’inflation). Il y a de nombreuses personnes qui vont progressivement abandonner l’achat de ce support à cause de ces conditions. Les premiers impactés seront les labels indépendants.

en résumé

Les problèmes qualités sur les vinyles neufs sont assez courants. Ils ne peuvent se résoudre en nettoyant le disque. Parfois ils concernent l’ensemble d’un lot mais pas systématiquement. Les défauts les plus classiques sont les vinyles voilés et ceux avec pas assez de matière pvc. Ces défauts sont une conséquence du succès actuel du vinyle mais pourraient désinciter certaines personnes à continuer.

quelques ressources

3 thoughts on “PRATIQUE: comprendre les problèmes de contrôle qualité des vinyles contemporains

  1. sans oublié l’arnaqué dé là réédition hors dé prix (45/60é éuro prix cliént ) ,pour moi uné vrai réédition ont doit répàrtir dés bàndés originales masters analogiques ou rién ,trop réédition repart du repiquage du vinylé ou dé sourcés numérique mp3 ét consort, pour moi uné vrai réédition c’ést tout én A/a/A ou rien ,hélàs là plupàrt dés réédition c’ést du ddd ,on se croirais dàns lés 80 /90 quand il nous fourgué dés cd qui étàit cénsé étré d/d/d alors qué c’étais du A /A:/D qui nous vendais hors dé prix 100/130 fràncs lé cd àlors qué sà leur coté 1 ou 2 fràncs fabriqué ,béucoup trop làbél y compris dés micros labels qu j’àdoré fabrique ché GZ MEDIA én republique.tcheque ét consorts , béàucoup làbél négligé l »étàpé màstéring é,t tout l’àutrés étapes dé là fabrication d’un vinyle ét sont uniquement concéntré sur là partié artistique ,il connàissént absolument rién àu pàocéssus dé fàbricàtion d »un lp ,tous cé qui compté pour éux c’ést fàiré pressé lé moins chér possible , dés alternatives frénchy locàlé dé qualité éxisté ,gàrcià à màrciàc dàns lé sud ouést https://www.vinylegarcia.com/ (bongo joé préssé ché éux ) dàns ls vosgés tu às sinon (Presseur de Vinyles/CD/logistique Sainte Marguerite Vosges /- La Manufacture de Vinyles) ici d’illéurs prssé ché éux

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