CINEMA: “Hôtel Woodstock” (2009) d’Ang Lee

Hôtel Woodstock est un film d’Ang Lee, sorti en 2009. Le réalisateur est particulièrement connu pour des films comme Tigre et Dragon (2000) ou Le Secret de Brokeback Moutain (2005). Comme son titre le suggère, le film s’intéresse au fameux festival de musique ayant eu lieu en 1969. Il s’inspire du livre Taking Woodstock d’Elliot Tiber.

Malgré sa thématique, le film accorde finalement peu de place à la musique. Ce sera même décevant si vous le voyez en espérant une reconstitution de performance de Jimi Hendrix, CSN&Y, Mountain ou CCR ! Dans ce registre, le documentaire Woodstock (1970) de Michael Wadleigh reste le classique incontournable et un des meilleurs témoignages de la période.

Une fois cette question évacuée, de quoi parle au juste Hôtel Woodstock ? On s’intéresse au parcours du jeune Elliott Tiber, homosexuel (dans le placard) qui aide ses parents à gérer un hôtel en participant à l’aventure Woodstock. Par certains aspects, même si le personnage principal a 34 ans (joué par Demetri Martin), Hôtel Woodstock relève plus du récit initiatique (coming of age story) que du film musical. Il s’agit d’acceptation et évolution dans le monde adulte. Personnellement j’ai trouvé cet angle intéressant. Il est toujours intrigant de suivre la petite histoire dans la grande histoire.

Hôtel Woodstock évoque par certains aspects Crazy Days (1978) de Robert Zemeckis. Comme pour ce dernier, le film d’Ang Lee utilise la musique (et le moment historique) pour raconter une destinée spécifique. Les deux films mettent ainsi un point d’honneur à montrer très peu de leur sujet ! Je trouve cependant que Crazy Days s’y prête un peu mieux (puisque la quête est l’objet du film).

Hôtel Woodstock est un film sympathique, attachant, affable mais pas sans défaut, à commencer par sa longueur. Le film aurait gagné à faire 15-20 minutes de moins, le dernier tiers patine un peu. L’absence de musique n’est globalement pas un problème mais une scène musicale de Woodstock aurait certainement constitué un climax intéressant. On appréciera cependant Love ou CSN dans la bande originale ! Ang Lee ne passe pas non plus à coté de certains clichés, notamment une scène de trip un peu facile et assez malaisante (cringe). Je trouve en revanche plutôt malin de prendre un témoin, un peu dedans, un peu dehors, pour raconter l’évènement. C’est un stratagème classique mais efficace: voir le sujet à travers des yeux naïfs (comme nous pouvons l’être en tant que spectateur). Le personnage principal évoque ainsi celui de Good Morning England (2009) mais avec bien plus de profondeur et de chair.

Je ne me prononcerai pas sur le respect historique d’Hôtel Woodstock. Bien que basé sur un témoignage de première main, il n’est pas exclu qu’Elliot Tiber ait quelques peu romancé la réalité pour se donner le beau rôle (notamment sur le fait qu’il connaisse effectivement Max Yasgur). Reste qu’Hôtel Woodstock retranscrit fort bien l’esprit de l’époque, son insouciance mais aussi, l’impact de la guerre ou l’intolérance. Le film m’apparaît assez juste dans sa manière de capter son sujet. J’ai ainsi plutôt passé un bon moment en le regardant, mais j’aurais certainement apprécié qu’il soit un peu plus concis.

note personnelle: 3,5/5

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