CINEMA: “Les Révoltés de l’an 2000” (1976) de Narciso Ibáñez Serrador

Les Révoltés de l’An 2000 est un film fantastique / d’horreur espagnol des années 70 (1976), réalisé par Narciso Ibáñes Serrador, adapté d’un roman de Juan José Plans (El Juego de los Niños, jamais traduit en français), avec la musique de Waldo de los Ríos (célèbre arrangeur pour Jeanette, Pic-Nic, Los Angeles, Los Pekenikes etc.).

Né à Montevideo (Uruguay), Narciso Ibáñes Serrador fait cependant carrière en Espagne. Il signe de nombreux téléfilms et épisodes de série pour la télévision espagnole mais ne conçoit que peu d’œuvres pour le cinéma. Il ne réalise en effet que deux pellicules pour le grand écran: La Résidence (1969) et Les Révoltés de l’an 2000 (1976).

Cette absence des salles ne signifie pas pour autant que l’Uruguayen ne maîtrise pas son sujet. Les Révoltés de l’An 2000 est un excellent film, assez original dans son sujet. En effet, il fait partie de cette rare catégorie de film d’épouvante en plein jour. En cela je le rapprocherai volontiers de Midsommar (2019) d’Ari Aster et surtout du très recommandé The Wicker Man (1973) de Robin Hardy. Il partage d’ailleurs avec ce dernier, l’idée d’île, servant de lieu clos pour l’action.

Les Révoltés de l’An 2000 porte assez mal son nom. Comme le suggère la présentation du blu-ray du réalisateur belge Fabrice Du Welz, le nom espagnol du film est beaucoup moins équivoque: ¿Quién Puede Matar a Un Niño? (qui peut tuer un enfant). Nous suivons un couple anglophone, Tom (Lewis Fiander) et Evelyn (Prunella Ransome) en vacances en Espagne. Le film démarre dans la ville fictive de Benavis (en réalité Sitges !), pendant la festa major. Après une nuit sur place, le couple part pour l’île d’Almanzora où Tom s’était rendu une douzaine d’années plus tôt.

À partir de là, l’histoire vire au cauchemar pour nos protagonistes sur cette étrange île. Les Révoltés de l’An 2000 vire alors à une tentative de survie pour le couple, attaqué par de drôles d’assaillants. Le film évoque ainsi autant Sa Majesté des Mouches (1954) de William Golding que le génial La Nuit des Morts-Vivants (1968) de Romero. La tension est excellement gérée. Ce film en fait beaucoup avec peu. La lumière irradie l’image, pourtant nous sommes pris dans le piège tendu par cette île. Le film pose aussi de nombreuses excellentes questions (notamment à travers son introduction brutale).

Les Révoltés de l’An 2000 (1976) gagne à être un peu plus connu. C’est une œuvre fantastique / d’horreur réussie, aux partis pris hardis. À voir si vous vous intéressez à ce registre mais ne passez pas à coté si c’est le cas. Une œuvre originale et prenante.

note personnelle: 4/5

PS: La début du film se déroule pendant une festa major (Santa Tecla peut être?) à Sitges, probablement filmé in situ ! Un témoignage assez bouleversant me concernant car j’assiste tous les ans à cet événement. Pour les curieux et curieuses, la scène en question ci-dessous où apparaît également le réalisateur (qui parle au couple quand il sort du bus).