Aujourd’hui, intéressons nous à une véritable curiosité: Smithereens de Susan Seidelman, un film évoquant le New York du début des années 80, à travers l’underground rock de l’époque, sur les cendres de la scène punk.
Trois ans avant l’excellent Recherche Susan Désespérément (1985), son film le plus connu, Susan Seidelman réalise donc Smithereens. Elle le co-écrit avec Peter Askin et Ron Nyswaner, particulièrement connu pour son travail sur Philadelphia (1993). Nous suivons les aventures de Wren (jouée par Susan Berman, que l’on croise aussi dans Et Dieu Créa La Femme, 1986), une jeune punk paumée qui cherche à rejoindre un groupe. Sur sa route elle croise deux jeunes hommes fort différents. Paul (joué par Brad Rijn) est un mec de la campagne, un peu hippy sur les bords. Il voyage à travers le pays dans son van et s’est arrêté à New York. Eric (joué par Richard Hell !) est un punk ayant eu du succès quelques années plus tôt avec le groupe Smithereens (d’où le nom du film). Il tente de renouer avec la célébrité mais passe son temps à taxer de l’argent (ou arnaquer). Wren sympathise plus ou moins avec Paul mais finit par vouloir partir à Los Angeles avec Eric.
Le film démarre en trombe au Peppermint Lounge où l’on assiste à bout de concert des Nitecaps. Wren cherche, en vain, à rejoindre le groupe ! L’apprentie musicienne déambule ensuite dans un New York fort différent d’aujourd’hui au son des Feelies (avec des extraits du premier album). Smithereens dépeint en effet une ville sale, dangereuse. Les personnages y croisent un mac ou des prostitués (dont une très courte apparition de Chris North). Tout y est désespérément sombre et pessimiste. La ville est en jachère, la plupart des personnages à la dérive. Wren navigue comme elle peut, là dedans, mais son parcours ne sera pas plus heureux pour autant. Susan Seidelman abandonne son personnage dans une non résolution, à l’image du film.
Smithereens cultive un cafard, tout y est plutôt morose. Si le film tranche avec la légèreté de Recherche Susan Désespérément , il y a du Wren dans ce dernier, une Wren qui tournerait mieux ! Au delà de son aspect nihiliste, Smithereens est aussi un témoignage fabuleux sur l’évolution de New York et sa scène musicale, au début des années 80, une période d’entre deux (après le punk) pour la ville. Susan Seidelman signe donc là un premier film intéressant, à voir si le sujet vous parle. J’ai, pour ma part, vraiment été touché par la ville et sa dureté.
note personnelle: 3,5/5