CINEMA: “That Thing You Do!” (1996) de Tom Hanks

That Thing You Do! (1996) est probablement un de mes films préférés autour de la musique. Cette comédie dramatique d’apparence légère retranscrit avec beaucoup de justesse le destin de nombreux groupes pop dans les années 60. Réalisée et écrite par Tom Hanks, That Thing You Do! est un des rares passages (avec Il n’est Jamais Trop Tard en 2011) derrière la caméra pour le grand écran de l’acteur américain.

En 1996, Tom Hanks est très populaire. Il vient de jouer dans Philadelphia (1993) et Forrest Gump (1994). Ces succès lui donnent les coudées franches pour passer à la réalisation et se lancer dans That Thing You Do!. S’il joue également dedans, les principaux rôles sont assurés par: Tom Everett Scott, Liv Tyler, Johnathon Schaech, Steve Zahn et Ethan Embry. Nous retrouvons aussi deux de ces acteurs (Tyler et Embry) dans Empire Records, sorti l’année précédente, un autre film s’intéressant à la musique !

That Thing You Do! suit le destin d’un groupe de copain vers le succès, comme Bus Palladium, à travers les yeux d’un batteur féru de jazz, comme Whiplash. Cependant la comparaison s’arrête là. That Thing You Do! se déroule en 1964, aux débuts de la british invasion qui déferle sur les Etats Unis et consacre les Beatles comme le plus grand groupe de rock depuis Elvis Presley. Le film s’intéresse au destin d’un groupe en route vers le succès: les Wonders. Le premier nom de la formation (Oneders, un jeu de mot entre One et Wonders) offre d’ailleurs quelques pistes ! Tom Hanks suit en effet les tribulations de cette formation inspirée des Beatles (d’où le jeu de mots sur le nom comme pour les Scarabées) dont la course finit en queue de poisson après un énorme hit (comme beaucoup de one hit wonders des années soixante).

L’affaire est rondement menée. Tom Hanks déroule un film maitrisé et agréable de bout en bout. L’histoire est assez classique mais bien écrite. Les personnages sont aussi attachants que crédibles dans le contexte. Sur le plan musical, l’ambiance et et les détails ont été très soignés. C’est incontestablement un des points forts du film selon moi. Dans beaucoup de films sur la musique, je trouve qu’il y a des incohérences entre la période traitée et la manière dont sont dépeints les personnages principaux. Par exemple, le personnage principal de Good Morning England ressemble plus à un indie-kid des années 2000 qu’à un authentique teenager des années 60. Ce n’est pas le cas ici.

That Thing You Do! a semble-t-il été pensé avec amour pour la période et le sujet. Quelques détails sont criants de justesse. Par exemple, le groupe joue initialement sur des guitares/basses Danelectro, puis quand il signe avec Play-Tone, se procure des instruments de marques plus prestigieuses (Fender et Rickenbacker). Les Danelectro étaient, à l’époque, vendus par correspondance, via des catalogues tels que Sears. C’est le genre d’instruments sur lesquels un groupe comme les Wonders auraient fait leur apprentissage !

Sur le plan musical, le film est aussi très réussi. Les morceaux capturent l’esprit de l’époque. De même que le look des musiciens. Le chanteur/compositeur du groupe (joué par Schaech) semble par exemple sortir tout droit des Remains. L’histoire elle-même de la formation renvoie à celles de dizaines d’autres dans les années 60. Tom Hanks aurait d’ailleurs évoqué les Chartbusters comme source d’inspiration. L’intrigue de That Thing You Do! c’est celle de nombreux groupes garage-rock des compilations Nuggets. Pour la bande originale, Tom Hanks n’a pas cherché les plus mauvais. Le morceau éponyme est écrit par Adam Schlesinger des Fountains of Wayne, une formation powerpop nord-américaine des années 90. Un autre groupe powerpop (The Gigolo Aunts) signe Little Wild One. Le reste est écrit par des musiciens spécialisés des films tels que Scott Rogness et Rick Elias, parfois aidé de sa femme Linda Elias (pour les morceaux rock) ou Gary Goetzman et Mike Picirrillo (pour les autres morceaux). Tom Hanks, lui même, participe à l’écriture de plusieurs chansons.

Ces chansons contribuent largement à l’atmosphère réussie du film. Ils sont vraiment chouettes et bien vus. Tijuana Brass, folk à la Peter, Paul & Mary, crooners, chanteuse de variété inspirée de Dionne Warwick, jazz ou girl-group, la musique beat/garage n’est pas la seule présente dans le film ! Ceci dit, That Thing You! propose de vraiment jolies choses dans le genre, notamment les morceaux utilisés pendant le générique de fin. She Knows It (attribué aux Heardsmen) et I Need You (That Thing You Do) des Wonders sont de charmantes interprétations du son des Beatles et des Byrds avec de magnifiques guitares jangly.

That Thing You Do! est un vibrant hommage au rock des années 60. Le film déborde d’une énergie contagieuse. Au delà de la passion qui irrigue That Thing You Do! c’est aussi une œuvre maitrisée (scénario et réalisation propre, personnages bien écrits) et bien jouée. L’ensemble ainsi touche à une forme de véracité dans son mensonge. Le film vieillit bien et reste toujours aussi chouette à regarder 28 ans plus tard !

Note personnelle: 4,5/5

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