L’IA déchaîne les passions. Pour insulter un créateur, rien de mieux que de l’accusé de faire de l’IA ! À l’inverse nombreux sont ceux à s’en défendre publiquement mais à utiliser des outils y faisant appels (After Effects, la séparation des stems, les outils de mastering automatique, les textures etc.). L’IA, notamment générative, soulève de nombreuses questions. Certaines sont très pertinentes (les droits d’auteur), d’autres moins. Quelques réflexions personnelles (et écrites par mes soins) sur le sujet !
Contexte à la fin de l’année 2025
Le sujet IA progresse à une vitesse exponentielle. Chaque jour ou presque, une nouvelle controverse s’ajoute aux précédentes.
Il y a par exemple eu les publicités de McDonald’s (Pays Bas) et Coca Cola (USA). Utilisant l’IA, les responsables communications ont du s’en justifier. Cela a fait les affaires d’Intermarché dont la publicité a explosé sur les réseaux sociaux, notamment à l’étranger !
Moins anecdotique, plus problématique, l’IA fait exploser la demande en RAM. La société Micron, l’un des spécialiste mondial de la mémoire vive, a décidé d’orienter sa production sur les professionnels et donc l’IA. Avec Samsung et SK Hynix, ces trois sociétés représentent 90% du marché. Dans les faits, cette demande plus importante entraîne une augmentation des prix, notamment pour les ordinateurs des particuliers, les cartes graphiques etc.
Autre élément récent à noter: le label Because a alerté sur instagram d’un titre utilisant la voix (générée par IA) de Jorja Smith. Le producteur a fait passer un de ses morceaux pour un remix de la chanteuse. Une fois le buzz déclenché, il a proposé au label d’en faire une version officielle ! Quelle audace, quelle outrecuidance ! Bien sûr Because n’a pas accepté ce chantage. Cette nouvelle escarmouche pose à nouveau la question de la gestion des droits d’auteurs à l’ère de l’IA.
Et l’eau l’IA
L’IA inquiète, elle fait peur, elle menace comme un nuage sombre au dessus de nos têtes. Les anti-IA ont trouvé la parade, ils la répètent à l’envie, à l’infini. L’IA consomme de l’eau, énormément d’eau, des piscines entières pour nos requêtes de photos transformées en illustrations Ghibli. Cet argument me gène personnellement. D’abord, il a tendance à être très gonflé pour paraître choquant. Il est alors repris comme un mantra dont on a vidé le sens. D’autre part, il n’est jamais comparé à d’autres activités humaines. Combien de requêtes IA pour un voyage moyen courrier en avion ? Probablement des milliers ! L’énergie est bien sûr précieuse, mais faut-il s’arrêter de vivre et s’excuser d’exister. Toutes les activités humaines ont un impact. Diverses chemins s’ouvrent à nous pour tenter de minimiser notre présence. Certains prônent la décroissance et utilisent l’IA comme un symbole de tout ce qui va mal dans le monde moderne et le capitalisme. On peut aussi être plus nuancé, croire un peu plus dans l’avenir. Se dire que oui l’IA consomme de l’eau (pour refroidir les serveurs) mais qu’on va améliorer les procédés, les optimiser. C’est l’intérêt de tout le monde au fond, y compris des Google, Open AI et consort. Tout le monde a envie que l’IA soit moins gourmande en ressource car elles coûtent chères. D’ailleurs en parlant de ressources, il y en a une qui prend cher en ce moment. L’impact économique de l’IA actuel sur la mémoire vive (RAM) est critique. Oui l’IA a ce genre de fâcheuses conséquences parfois. Le prix des téléphones et des ordinateurs risquent d’augmenter dans les années qui viennent. Sans oublier le problème de gestion des stocks ! Il ne s’agit pas pour moi de nier l’impact de l’IA sur la gestion de l’eau dans les serveurs, mais simplement de nuancer. Cet argument est souvent utilisé pour clore la discussion sur l’intérêt de l’Intelligence Artificielle, comme si la mentionner suffisait à balayer tous les autres arguments. Désolé ça ne marche pas sur moi ni sur la plupart des gens. Il faut peut être regarder l’ensemble du sujet avec un peu de recul et sortir des images d’Epinal. Ce débat mérite mieux que cela.
IA et IA générative
L’IA générative n’est qu’une branche de l’IA en général. L’IA peut être très spécialisée. L’IA générative soulève le plus de questions, dont beaucoup sont justifiées, pour autant faut-il rejeter l’ensemble du concept à cause de certains mauvais usages. Seriez vous prêt à interdire les couteaux de cuisine parce qu’ils permettent de tuer quelqu’un ? On sait que certains politiques (peu attachés aux libertés individuelles) y songeraient sérieusement si on leur proposerait ! Mais vous, qu’en pensez vous ? En quoi l’IA générative est une menace telle qu’il faudrait absolument et radicalement l’interdire ?
Oui il y a de vraies questions auxquels il faut répondre: les droits d’auteurs, l’usage dans la création sans plus value humaine etc. Il y a environ un an je titrais un de mes papiers IA pour Inarrêtable Apathie. Je pense toujours cela: la création pure de machine ne m’intéresse absolument pas, ce qui me plaît et m’enthousiasme c’est le génie humain. J’ai déjà du mal à écouter certaines productions humaines tant il y en a, alors j’ai encore moins envie de me fader des productions suno faites avec des prompteurs. Maintenant, est-ce que l’IA générative ne sert qu’à cela, singer la création humaine ? Ce serait vraiment très réducteur de l’affirmer. L’IA, y compris générative, a énormément d’usage. Dans de nombreuses professions créatives, les outils informatiques intègrent désormais de l’IA. Elle peut être classique (par exemple l’algorithme pour séparer les stems d’un morceau) ou générative (par exemple des aides sur les textures) mais elle est déjà là. Deux choix s’ouvrent à nous: refuser de l’utiliser ou s’adapter.
L’industrialisation du slop
Savez vous ce qu’est le slop ? Ces contenus sont créés pour capter votre attention mais avec le moins d’effort fourni. Ils sont ainsi souvent de piètres qualités mais pensés pour actionner des leviers chez nous (émotionnels etc.). Le slop est omniprésent sur les réseaux sociaux, notamment facebook ou tik tok. Mais le slop généré industriellement par IA est-il si différent des daubes humaines dont on nous bombarde continuellement. À chaque fois que j’ouvre insta j’ai envie de casser mon téléphone tellement je suis envahi de contenu merdique que je n’ai pas demandé à subir. Ce contenu est souvent bien humain mais sa valeur ajoutée ne dépasse pas celle du slop de l’IA. Bref oui, l’IA facilite le bombardement de contenu sans intérêt mais le problème est avant tout humain.
L’IA n’est pas un cerveau humain
L’IA va remplacer de nombreux boulots c’est évident, mais penser qu’elle va se substituer à nous d’une manière systématique est une erreur. La machine ne sait pas gérer le hasard comme nous. L’incertitude radicale (vrai aléatoire) n’existe pas informatiquement. Quand l’homme veut du vrai aléatoire dans un système informatique il intègre des éléments physiques. De ce fait, l’homme aura toujours la capacité unique de faire des rapprochements qui ne sont pas logiques. L’IA ne peut pas créer/découvrir seule sur la base de la sérendipité. L’IA est une construction sur ce que nous avons déjà pensée et fait. Elle est capable de faire de la science normale (pour reprendre Kuhn) mais est-elle susceptible de créer de nouveaux paradigmes ? Personnellement j’en doute un peu. De surcroît, l’IA générative ne raisonne pas, elle fait de l’écriture prédictive à partir de tokens. Cette écriture prédictive s’apparente à de la pensée car la machine mouline du contenu écrit précédemment par des humains, elle y identifie des récurrences. De ce fait, l’IA nous interroge aussi sur ce qui constitue notre humanité. On doit la chérir et en prendre soin.
Hallucinations
Un aspect important de l’IA générative reste les hallucinations, elles sont indissociables du mode de fonctionnement des LLM. L’IA générative cherche à faire plaisir à la personne qui l’interroge au risque d’éventuellement inventer des informations ou des dates. C’est particulièrement vrai quand on interroge une IA sur des sujets plus obscurs (par exemple la synth-pop espagnole) ou des domaines de compétences poussées (droit, médecine…). Il faut ainsi se garder de faire de l’IA une vérité, toujours se souvenir que c’est un outil.
Droits d’auteur
L’IA a mauvaise presse à cause des droits d’auteur. Il est difficile de se faire ici l’avocat du diable. Comment avoir des IA efficaces si on ne les entraîne pas sur du contenu de qualité et donc susceptible d’avoir des droits d’auteur. Il y a là des questions de droits et philosophiques passionnantes. La question des deep fakes est un corollaire de celle des droits d’auteurs: comment disposer de sa voix, son image ? L’IA est un outil très puissant, de plus en plus grand public. Il est temps de réfléchir à encadrer un peu mieux son usage, notamment vis à vis de ces questions. À bien des égards, il faudra cependant avoir une position nuancée. Quand un artiste dans le monde réel emprunte à une autre œuvre cela ne tombe pas sous le coup du droits d’auteur. Picasso s’est inspiré de Vélasquez pour Las Meninas. De son coté Miró a aussi rendu hommage aux grands maîtres hollandais avec ses Intérieurs hollandais. Le sampling, la reprise sont des pratiques saines pour la musique. Aussi, l’encadrement de l’IA doit laisser la possibilité d’expérimenter avec l’outil, de l’utiliser de manière créative, non conventionnelle.
Cognitive Offloading
Le cognitive offloading (déchargement cognitif) est un autre aspect potentiellement négatif de l’IA. La calculatrice nous a souvent rendu nul en calcul mental. Le GPS n’a pas aiguisé notre sens de l’orientation. L’IA générative pourrait en faire de même avec le savoir et la pensée. À force de tout demander à l’IA sans interroger ce qu’elle nous rend, nous pourrions devenir plus bêtes (et oui c’est possible !). L’IA est en effet un outil à double tranchant. Bien utilisé c’est une formidable fenêtre sur le monde, augmentant le champ des possibles. En revanche il est tentant de s’en servir d’une manière beaucoup plus sommaire. Le risque est important: ne plus savoir réfléchir, poser un raisonnement. Il est vraiment possible d’imaginer un monde où l’IA augmente les inégalités en fonction de l’usage qu’en font les gens. Cela renforce l’intérêt d’appréhender l’IA. Il est important de s’astreindre à une forme de discipline pour ne pas nous faire bouffer par cet outil.
Expérimenter
Je pense qu’il est important d’expérimenter avec les LLM et autres IA génératives. Il faut les apprivoiser, tenter des choses avec, les tester. Se familiariser dès maintenant avec ces outils, car ils risquent d’être plus en plus présents dans nos existences. Il y a quelques années, les textes générés étaient très robotiques et peu intéressants mais les progrès sont énormes. Désormais, l’IA générative peut tout à fait passer pour un texte écrit par un humain sans soulever d’objection. Les utiliser, même sans but précis, permet de mieux les appréhender, éventuellement les débusquer ou d’en mesurer les limites. L’IA n’est pas forcément négative pour vous, il y a peut être des choses d’intelligent à faire avec cet outil. Bien sûr, vu de l’extérieur, l’IA peut sembler menaçante, mais faut-il baisser les bras ou au contraire essayer d’en tirer quelque chose d’intéressant ? De nombreuses professions, y compris artistiques ne s’embarrassent pas de ce débat. En post-prod, l’outil IA est déjà très présent. Et si l’IA était une invention dans la continuité du livre, de la photographie, du synthé ou de l’ordinateur Tous ces outils ont soulevé d’énormes objections et pourtant se sont imposés sans voler notre âme. En 1982 le syndicat des musiciens anglais avait par exemple essayé d’interdire les synthétiseurs et boîtes à rythmes dans les studios britanniques (source). À nous de ne pas flancher encore une fois !
AI creepers
Ils sont de plus en plus nombreux mais ne le reconnaissent pas publiquement: ce sont les AI Creepers. De multiples personnes utilisent régulièrement l’IA dans leur travail. Job de bureau mais aussi créatif (post-prod etc.), les AI creepers sont parmi nous. L’IA générative soulève bien des passions. La presse est souvent contre mais beaucoup ne se posent pas autant de questions. Surtout, l’IA est déjà présente dans le workflow de nombreux logiciels professionnels et dans tous les domaines (graphisme, musique, vidéo). JDG s’en émouvait d’ailleurs le 7 décembre dans un tweet récoltant plus de 28 000 likes. Beaucoup de professionnels ont du considéré qu’il disait tout haut ce que pas mal de monde pense tout bas.
Quelques usages possibles
L’IA générative ne doit pas remplacer la création mais l’aider à se focaliser sur le plus important comme les idées ou l’originalité. Cet outil peut effectivement dans les faits se substituer à l’homme mais cet usage, en plus de ne pas être intéressant intellectuellement, ne va proposer quelque chose de réellement inédit.
En revanche, l’IA permet d’automatiser des tâches répétitives dont certaines n’apportent pas de plus-value à être réalisées directement par un humain. Pour ma part, je ne m’en sers pas pour écrire: c’est bien un humain que vous lisez en ce moment, en tout cas d’après cloudflare. Peut être d’ailleurs que je pourrais l’utiliser en correcteur (un de mes points faibles l’orthographe) ou pour traduire. Pour ma part, je trouve l’IA générative intéressante sur quelques sujets. Sans remplacer mon usage des moteurs de recherche, sur des requêtes nécessitant de la précision, l’IA offre un ratio signal/bruit plus intéressant que la traditionnelle pêche au gros de Google. Là où il fallait avant ruser (par exemple en ajoutant forum ou reddit) pour trouver une réponse à une question précise, l’IA permet de très simplement avoir accès à la réponse, en posant bien le problème. L’autre jour, j’avais une galère technique sur mon wordpress. Assez rapidement j’ai pu identifier des sources possibles et appliquer des correctifs. Mes stats ne sont pas trop reparties à la hausse (c’était mon souci) mais j’ai fait un travail de fond très intéressant pour être mieux référencé.
Autre usage possible, qui se développe d’ailleurs énormément: sparring partner. Débusquer des mauvaises informations, statistiques, étoffer un argumentaire. Tester ses idées, qu’elles soient marketing ou plus intellectuelles. Tout cela est possible avec l’IA générative. Tout ne sera pas pertinent, il faudra faire le tri mais il y a des choses à prendre. Encore une fois, il ne s’agit pas de faire écrire à l’IA mais juste de l’utiliser pour améliorer la qualité des arguments, rendre plus compréhensible le fond, ajouter des exemples etc. Cet usage traduit, à mon sens, une des forces possibles à l’avenir de l’IA: une augmentation des capacités humaines. C’est un domaine très excitant même s’il ne faut pas tomber dans une technoptimisme béat.
Sur un plan plus trivial, j’ai tenté un truc un peu fou, par curiosité: me faire des recommandations dans un listing discogs. Le résultat était positivement surprenant. Un peu de contexte: en travaillant une sélection de rock japonais GS (Group Sound) que vous pourrez bientôt lire, j’ai eu envie d’acheter certains des disques évoqués. À ma grande surprise, il existe des vendeurs japonais présents sur le sol européen. Des disquaires japonais ont investi des hangars en Europe. L’idée est brillante en soi ! Pour contrecarrer les taxes d’importation, ils ont donc créé un stock sur place. J’ai donc repéré deux de ces vendeurs discogs. Ils avaient des références qui m’intéressaient. Je souhaitais compléter le panier avec des découvertes. Cependant, les disques japonais ne semblent pas étiquetés de la même manière que les Européens ou Nord-Américains sur le site de vente. La navigation était assez fastidieuse. Souvent, j’ai une petite technique pour faire un pré-tri: taper le nom d’un producteur que j’aime bien. Là, la mise en œuvre de ces techniques était plus chaotique ! J’ai alors lancé une IA en lui donnant comme consigne de me faire des recommandations et en lui expliquant ce que j’aimais. J’ai consulté les résultats et j’ai pris quelques disques nippons (ni mauvais) en fonction des suggestions. J’ai ici utilisé l’IA pour améliorer ma curiosité.
L’IA n’a pas fini de nous faire parler
Comme d’autres technologies avant (le livre, la photographie, les synthétiseurs, l’ordinateur), l’IA et l’IA générative créent une panique morale. En bien ou en mal, elles vont continuer de tracer leur route. Bien sûr, par certains aspects, l’attrait des entreprises pour cet outil rappelle la bulle internet des années 2000. Pourtant, sans crier gare, c’est une véritable révolution. De plus en plus d’outils professionnels utilisent des algorithmes développés grâce à l’IA qui optimisent certaines étapes parfois pénibles. On peut évidemment refuser de complètement les utiliser mais penser que l’IA peut aussi apporter des choses positives n’est pas nécessairement être un technoptimiste béat. Dans tous les cas, l’IA va nous obliger à nous dépasser, être plus créatifs, plus profonds dans nos analyses. Il faut de la discipline pour lui répondre et montrer qu’on vaut mieux que le slop. Il y a des questions préoccupantes à régler (les droits d’auteur, l’usage massif de RAM et d’énergie) mais ne doutons pas que des solutions vont émerger.








depuis ses 1ér livré én 2009 j’ài lu tout lés book dé éric Sadin, ét sur l’intelligence artificielle étc jé pàrtàgé son àvis à 100 pour cént , https://youtu.be/BrGd68Kz9xM?si=ASBVw_P6tOm6xKm4
idém jé partage lés àvis dé Asma Mhalla https://youtu.be/zKVVaVoT0QA?si=9Gf2WQdaBXT0rDgz
tà curiosité musicalement sé limitant à un panel restreint dé musique (là sono mondiale et tout un pan dé musiqué que tu ignore) « J’ai ici utilisé l’IA pour améliorer ma curiosité ». là belle affaire ,moi j’ai jamais eu recours à l’IA pour boosté ma curiosité ,là curiosité c’est mon moteur dans là vie , ét cela né ma jàmàis traversé l’esprit une seule seconde dé vouloir utilisé une éric Sadin, j’ài lu tous lés livrés dé éric Sadin ét franchement lé mondé que vas nous façonné l’IA c’ést toujours plus dé déshumanisation .Asma Mhallà à àussi un regard juste et lucide sur là fâche caché dés l’IA , à termes c’ést hàll de kubrick qui nous attends ,c’est pas un mondé dé bisounours l’IA