Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir un 45 tours qui aurait eu toute sa place dans notre playlist brit-funk de décembre dernier: Kung Fu Man d’Ultrafunk avec Freddie Mack.
Ultrafunk est un groupe de studio anglais relié au label Contempo. Dans l’esprit des Mar-Keys ou des Funk Brothers qui accompagnaient les productions estampillées Stax et Motown, Ultrafunk est au départ un backing band pour les autres artistes du label. Le groupe a cependant sa propre carrière. Ultrafunk sort ainsi deux albums, plutôt rares, en 1975 et 1977.
Kung Fu Man est probablement le zénith de la carrière commerciale d’Ultrafunk. Il s’inscrit dans la vague de morceaux orientalisants du milieu des années 70 tels que Kung Fu Fighting de Carl Douglas ou Bonzaii. La contribution d’Ultrafunk semble cependant nous épargner les clichés liés au refrain oriental ! En effet, en plus de la référence à Carl Douglas, le morceau s’inspire plus particulièrement du son du Love Unlimited Orchestra de Barry White et des hits du Jimmy Castor Bunch (Troglodyte ou Luther the Anthropoid ). Si sur le papier l’association peut sembler étrange, la sauce prend facilement !
La voix de Freddie Mack n’y est pas étrangère. Le chanteur d’origine nord-américaine a connu un parcours très atypique dans les années 60/70. Né dans le sud des Etats Unis, il se fait connaître à travers la boxe au milieu des années 50. Il déménage en Italie puis en Angleterre et apparaît dans de nombreux films (dont Cléopâtre en figurant). En parallèle il démarre une carrière dans la soul et le rhythm & blues. Ce qui amène Mr. Superbad à contribuer à ce titre d’Ultrafunk !
Parlons d’ailleurs un peu du groupe. Selon discogs, il se compose de: John Richardson à la batterie, Frank McDonald à la basse, Chris Rae à la guitare et enfin Gerry Shury aux claviers. Nous retrouvons aussi la bande dans le Armada Orchestra, dont le modèle est, vous l’avez deviné, l’orchestre de Barry White ! Tous ces musiciens sont des habitués de la musique d’illustration britanniques mais Gerry Shury nous intéresse particulièrement.
Parmi les premiers articles de ce site, figurait un disque des Pearls, un groupe dans lequel Gerry Shury est également intervenu en matière de compositions et arrangements. Jusqu’à sa disparition prématurée à la fin des années 70, le musicien anglais est indissociable de la musique soul/funk britannique de l’époque. Il travaille par exemple avec Dionne Warwick, The Real Thing, Biddu etc.
Kung Fu Man d’Ultrafunk témoigne ainsi de la qualité de la scène britannique en matière de soul/funk dans les années 70. Sans avoir l’historique et la production pléthorique des Etats Unis, certains Anglais ont réussi à intégrer les codes du genre et se les approprier. Dans sa version vocale comme instrumentale, le morceau est une belle réussite groovy et délicatement arrangée.