En 2011, l’excellent label Sing Sing Records rééditait le superbe premier album des Leopards Kansas City Slickers publié à l’origine par le groupe sur son label (Moon Records) en 1977. Pendant cinq ans (2009-2014), le label new-yorkais, créé par Trey Lindsay (Rob’s House Records) et Jeremy Thompson (The Busy Signals, Games etc.), a réédité un paquet de disques géniaux de powerpop en 45 tours ou 33 Tours. Parmi mes références préférées (Brad Long, Liverpool Echo, Rockin’ Horse, Protex) figurent certainement cet album des Leopards.
Les Leopards naissent fin 1974 dans la tête de Dennis Pash, aidé de son ami Kevin Saunders. Les deux jouaient précédemment ensemble dans Void, un groupe de reprises et morceaux originaux. Les studios Moon sont installés à la cave de la maison familiale de Dennis. Dans la foulée, il monte un label du même nom et sort les disques des Leoplards dessus: trois 45 tours et un album entre 1975 et 1977. La démarche est forte pour les années 70: le punk en est à ses balbutiements et le DIY dans la musique pas encore théorisé…
Plus étonnant et singulier encore: Kansas City Slickers est une anomalie pour un album de 1977. Il sonne manifestement comme un disque des années 60 mais avec une patine lo-fi typique des enregistrements maisons. Si de nombreux groupes, réunie sous la banière powerpop, se sont inspirés des années 60 pendant la décennie suivante, peu ont poussé au bout la logique. Enregistré à la maison avec ses propres moyens et tenter d’avoir un son ancien restent des raretés à cette époque. Peut être pourrions nous rapprocher les Leopards de Shoes ou dans une moindre mesure de The Toms.
Au delà des circonstances uniques de création de l’album, Kansas City Slickers est une merveille de pop. Convoquant les Kinks (la voix), les Beach Boys ou Left Banke, les Leopards signent un disque très riche et remarquablement bien écrit. La tonalité générale est assez nerveuse mais sans jamais virer hard rock. Le groupe reste toujours assez léger et virevoltant dans ses mélodies et rythmes.
Road To Jamaica ouvre l’album, la chanson sonne comme un tube oublié dans un grenier. Les influences ragtime de Dancing In The Snow donne une couleur nostalgique charmante à la chanson. La face A se conclue sur l’excellente I Wonder If I’ll See You Again publié précédemment en single. Recess a l’énergie de Friday on my mind des Easybeats tandis que Summer’s Gone est un petit hymne powerpop en puissance.
Si Kansas City Slickers sonne comme parfois un albums de démos inédites des Kinks, ce n’est certainement pas une critique. Le disque a sa propre existence et volonté. Surtout Dennis Pash et son pote Kevin Sauders sont d’excellents compositeurs. Ils ne pastichent pas les chansons des Britanniques. Les Leopards offrent ainsi une sorte de suite imaginaire à la discographie sixties des Kinks. Ils créent, peut être sans le vouloir, une forme de fan fiction où les nouveaux auteurs se montrent à la hauteur des références.
Le premier album des Leopards passera évidemment inaperçu. Un second line-up voit pourtant le jour une dizaine d’année plus tard. Voxx, le label de Greg Shaw après Bomp Records, publie Un deuxième album, pas aussi réussi que celui-ci. Les deux musiciens sortiront d’autres disques par la suite. Ceux-ci épousent généralement leur passion pour le ragtime ! Kansas City Slickers a ainsi tout d’un petit miracle à redécouvrir si vous aimez la pop bien écrite.
note personnelle: 4,5/5
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