À n’en pas douter, Phonetics On and On (Matador, 2025) de Horsegirl est une des sorties indépendantes les plus en vue de ce début d’année. Après de nombreuses écoutes, la sauce ne prend pas totalement pour moi, je vais tenter d’expliquer un peu mon ressenti, ci-dessous.
Horsegirl est un jeune trio composée de Gigi Reece (batterie), Nora Cheng (guitare) et Penelope Lowenstein (guitare). Le groupe est originaire de Chicago, dans l’Illinois (Midwest). Horsegirl signe avec le mythique label Matador (Yo La Tengo, Interpol, Kim Gordon, Stephen Malkmus, Car Seat Headrest…) et publie son premier album en 2022. Versions of Modern Performance (2022) fait son petit effet chez les amateurs de rock indépendant inspiré des années 90.
Trois ans plus tard les voilà donc de retour. Pour Phonetics On and On, Horsegirl change son fusil d’épaule. Cate Le Bon produit le disque. Peu de saturation, beaucoup de guitares claires s’entrelaçant, des arrangements spartiates, voir austères: le trio s’éprend de post-punk et C86. Le groupe s’inscrit ainsi dans un univers allant des disques Cherry Red historiques (Marine Girls, Felt etc.); nous y retrouvons cette ambiance folk, pastorale et dépouillée. Mentionnons aussi les Raincoats, des Feelies apaisés, Yo La Tengo ou les Pastels. Le Velvet Underground (période pop) chapote le tout, notamment ces mélodies tirant sur les bourdons (drones). Coté groupes récents, j’y retrouve quelques accointances avec Veronica Falls, Stereolab (la voix avant tout) et particulièrement Grass Widow.
Phonetics On and On a beaucoup pour lui sur le papier. L’entame d’album est fantastique ! Where’d You Go et Rock City sont deux magnifiques chansons. Le groupe y explore sa formule avec délicatesse et justesse. Le bât blesse ensuite malheureusement. L’album se perd dans un faux rythme et peine à sortir de sa torpeur. Les chansons se suivent et se ressemblent. L’ensemble manque de surprises, d’un twist qui viendrait un peu nous secouer, briser cette léthargie. Phonetics On and On fait 37 minutes mais semble en faire le double: je n’arrive pas à l’écouter d’une traite, encore moins plusieurs fois d’affilée (ce que j’arrive à faire avec la majorité des albums sur lesquels j’écris). Difficile aussi de ne à ne pas avoir envie de zapper certains morceaux. Quelques autres titres heureusement leur épingle du jeu (l’excellente Switch Over) mais pas suffisamment pour amener ce contraste qui manque tant par ailleurs.
Horsegirl signe, avec Phonetics On and On, un album attachant, enthousiasmant sur le papier, mais qui manque d’un petit truc pour tenir complètement ses promesses. Le trio a indéniablement du potentiel pour faire un grand album, mais cela ne sera pas celui-ci me concernant.
note personnelle: 3/5
je préfère https://jeanines.bandcamp.com/album/how-long-can-it-last
et https://areyoufeelinglightheaded.bandcamp.com/album/thinking-dreaming-scheming
je préfère https://deadfamouspeoplenz.bandcamp.com/album/wild-young-ways