Le 26 septembre 2025, le label de Chicago Trouble In Mind annonçait arrêter ses activités. Plus proche de nous, du coté de Lyon, AB Records vient de jeter l’éponge, rejoignant Le Turc Mécanique. Indéniablement, les labels indépendants de la scène rock/pop semblent avoir quelques difficultés ces temps ci, un peu à la manière des disquaires. En réalité les causes sont assez similaires !
Les vinyles sont trop chers
Il y a un an et demi (février 2024), je l’écrivais déjà ici: les vinyles neufs sont trop chers. Si certains tirent leur épingles du jeu (les pop stars, les gros artistes indés, quelques rééditions etc.), ces conditions n’arrangent pas tous les acteurs du marché. Les premiers à trinquer sont les disques plus difficiles à vendre, ceux qui nécessitent du conseil disquaire ou une plus grande curiosité des acheteurs. Avec l’augmentation des tarifs, les consommateurs jouent d’avantage la sécurité et prennent moins de risques (cf un autre papier de juillet 2024).
Les labels sont aussi directement impactés par l’augmentation des prix des vinyles. Les pressages coûtent plus cher (augmentation du prix de l’énergie et des matières premières). Ils peuvent éventuellement répercuter les coûts en adaptant les prix à la sortie: on retombe alors sur la problématique du paragraphe précédent !
Globalement l’augmentation des prix des pressages entraînent une moindre liquidité pour les labels (comme pour les disquaires). L’argent tourne moins vite, il permet de faire moins de sorties car elles coûtent plus chères individuellement. Moins de sorties, donc moins de projets risqués, moins de références à proposer aux clients ou aux disquaires. Tout cela grippe la machine et rend le travail des labels moins amusants (car parfois obligés de sacrifier des disques pour assurer).
L’impact des politiques
Il ne faut pas nier, une autre problématique. Les labels indépendants prennent chers à cause du contexte politique. Début septembre j’évoquais cela indirectement dans l’article intitulé l’âge de rouille du vinyle.
Depuis cinq ans (cf un autre de mes articles), les droits de douane rendent plus difficile la circulation des disques et notamment ceux des labels indépendants. Ces derniers, agissant dans des niches, sont souvent très dépendants d’un marché international qui peut dépasser la simple Union Européenne. Tout cela complique énormément le boulot des labels à travers le monde.
Un problème de demande
Il n’y pas que du coté des labels qu’il faut s’interroger de la situation, nous avons aussi probablement, une demande moindre. Dans certains genres musicaux, l’augmentation des prix ne semblent pas avoir autant pénalisé les labels, en hip hop par exemple. Les disques trouvent dans le domaine preneurs facilement malgré des prix très élevés. Il y a selon moi plusieurs raisons. D’une part, certains amateurs de hip hop espèrent pouvoir spéculer sur les disques ou au moins revendre sans y perdre. D’autre part, ce public semble un peu plus jeune, avec un pouvoir d’achat qui progresse. La clientèle des labels indépendants est probablement un peu plus âgée et beaucoup plus sensible aux prix. L’augmentation du prix des disques a joué, comme le COVID, comme un catalyseur d’une situation plus latente. Cela a cassé certaines habitudes et amené les acheteurs de musique indépendante à réfléchir à leurs achats.
Poptimisme
C’est une opinion personnelle et je suis ouvert à en discuter mais je pense que le poptimisme affecte négativement les labels indépendants. Pendant longtemps, la figure du snob dans la musique était recherchée par une partie du public. Connaître des trucs pointus donnait de la légitimité dans certains cercles. À partir du moment où on a inversé cette logique (cf mon papier), il est beaucoup moins désirable de s’intéresser à des esthétiques de niche et donc aussi à acheter des disques de labels indépendants. Bien sûr, le poptimisme n’est pas unanime mais il reste une toile de fond de l’époque et de nombreux discours, autour de la culture et la manière de l’approcher.
Spotify
J’aborde souvent ici la question de spotify mais je trouve qu’on ne peut pas en faire l’économie en s’intéressant à ce sujet. Je mets de coté pour une fois la question de la rémunération (même si elle compte). Pendant longtemps, l’indépendance avait su créer un réseau en marge du mainstream, à travers les disquaires, la presse écrite et bien sûr les labels indépendants. À partir du moment où tout le monde streame depuis la/les même/s plateforme/s, les labels indépendants ne peuvent plus être valorisés de la même manière. Quand je vais chez Born Bad, le facing n’est pas le même qu’à la Fnac, avec les sites de streaming tout cela est au mieux remplacé par des algorithmes mais surtout des playlists boîte noire mettant en avant les gros ou ceux qui sortent un billet.
Un écosystème fragile
Les disquaires, les labels, la presse musicale, les salles et donc les groupes: au fond on est tous logés à la même enseigne. Le mieux serait probablement d’apporter une réponse collective: avoir conscience de la fragilité des différents acteurs et à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice, même modestement. Bref, à votre niveau vous pouvez faire plein de petites choses pour aider à prêcher la bonne parole:
- acheter des disques de labels indépendants sur leur bandcamp, aux groupes ou chez les disquaires
- fréquenter les disquaires
- fréquenter les salles de concert indépendantes
- reposter les articles concernant les labels indépendants ou groupes indépendants
- faire découvrir des disques de niche à vos potes
- se casser de spotify
- etc.
Il existe donc des solutions, à nous de nous en emparer !








Nous avons vieilli ,je dirais surtout vous avez trés mal vieillis ,mais moi j’ai su évolué ,continué d’avancé j’ai remis en causé ma culture musicale dé base , j’ai tenté un dialogue avec vous, je vous ai bousculé et fort critiqué dans lé but dé créé un électrochoc et dé vous faire évolué musicalement mais en vain je me suis heurté à un mur d’entré soit ,snob , je me suis fais censuré systématiquement ,tant pis pour vous ,vous passé complètement à coté dé tout un pan dé musiqué incroyable ,tant en news que réédition ,tout cette constellation dé label que je soutiens depuis longtime est passé complétement sous vos radars. vous étés resté encapsulé et cloisonné dans une culture indé rock dés années 80/90/2000.
https://section-26.fr/de-lavenir/
Personnellement je laisse tes messages s’ils me semblent pertinents.
J’aimerai répondre sur le fond par rapport à ton message.
Tu es le premier à constater “la mauvaise situation générale”, tu as soulevé le problème des labels et des disquaires de nombreuses fois. Je partage d’ailleurs certaines de tes réflexions autour de ces sujets.
Tu ne crois pas que tu fais une “lecture à charge” ? Je l’ai écrit de nombreuses fois déjà: on est libre de parler de ce qu’on veut, d’écouter/acheter ce qu’on veut et ainsi de suite. Section 26 a cette liberté, je l’ai et tu l’as aussi. La situation de Section 26 est la même quelque part que celle qui a touché Finders Keepers (label que tu peux difficilement qualifier de culture “indé rock” encapsulée) et d’autres. Ce mauvais état de l’industrie du disque au niveau indépendant nous affecte tous. Tu peux difficilement retirer ce contexte des remarques faites par mon camarade Thomas (et que je partage complètement).
En un sens que tu apprécies ou non ce que l’on défend les uns les autres, le sujet n’est pas là actuellement. il est de défendre des musiques qui se font bouffer par les algorithmes, que tu les aimes ou non.