Si la musique électronique s’est installée en France à travers la space disco, les compositeurs hexagonaux ont suivi de près les aventures de la scène allemande (Berlin School, Kosmische Musik) et en ont proposé leur interprétation. Il existe aussi de nombreux excellents albums de musique ambient ou répétitive en France dans les années 70.
Je vous propose aujourd’hui un voyage dans le temps, plus de 45 ans en arrière, en quête de ces nombreuses tentatives d’apprivoiser les machines. J’ai volontairement arrêté le chronomètre aux années 70 mais le mouvement se poursuit dans les années 80, je pense par exemple à l’album Lux Terrea (1983) de Jean-Pierre Thanès. J’ai également mis de coté des albums orientés sur l’aspect répétitif mais ne faisant pas appel aux synthétiseurs, par exemple Le Temps des Moissons (1975) d’Ariel Kalma.
Les parcours des musiciens sont certes variés mais quelques traits communs reviennent souvent: un certain goût pour la technologie et l’enregistrement, des passages dans des groupes de rock progressif ou dans le milieu de l’illustration sonore ! Voilà nos aventuriers prêts à acheter leur premier synthétiseur et composer de magnifiques pièces instrumentales de 20 minutes.
Pour creuser un peu plus le sujet, je ne saurai que trop vous recommander les compilations Cosmic Machine ainsi que la série Space Oddities.
En photo: le RSF Kobol un synthétiseur pionnier français, image trouvée sur AF.

01 – Jean-Michel Jarre “Les Granges Brûlées” (1973)
Difficile de ne pas démarrer sur un album de Jean-Michel Jarre. Son succès populaire ne doit pas nous éloigner de sa position de pionnier de la musique électronique en France. Il travaille sur des découpages de bandes dès la fin des années 60 et publie de nombreux singles dans les années 70, notamment le mythique Hypnose avec l’hypnotiseur Dominique Webb (son album est également excellent mais sans JMJ !) ou Freedom Day de Samuel Hobo. Parmi ses premiers travaux électroniques, Les Granges Brûlées a une place particulière. Cet étonnant album a été réédité par Transversales Disques.

02 – Richard Pinhas “Rhizosphere” (1977)
Peut-être moins connu que Jean-Michel Jarre, Richard Pinhas est pourtant une des figures de la musique électronique en France. Il démarre sa carrière dans les années 60 avec des groupes comme Blues Convention ou Schizo mais c’est avec Heldon qu’il va se faire véritablement un nom. En plus de la discographie impeccable du groupe (dont le nom est inspiré de Norman Spinrad), il développe en solo des disques de musique électronique passionnants comme ce Rhizosphere, un terme inspiré du philosophe Gilles Deleuze dont il était un des disciples !

03 – Didier Bocquet “Eclipse” (1977)
Didier Bocquet est un musicien originaire de Bourge. Au milieu des années 70 il vend sa batterie pour investir dans des synthétiseurs et un 4 pistes. Il envoie des cassettes de ses morceaux un peu partout et finit par édité lui même, à travers le fameux label Le Kioske d’Orphée, son premier album Eclipse en 1977. Il sera suivi d’un deuxième album, toujours auto-édité (sur FLVM) avant deux albums chez un véritable label au début des années 80. Son premier album est désormais introuvable mais il existe une réédition sur le label Cameleon Records.

04 – Zanov “Green Ray” (1977)
Zanov, de son vrai nom Pierre Salkazanov, publie trois albums entre 1977 et 1982. Après plus de trente ans d’absence, il relance sa carrière musicale et publie régulièrement de nouveaux albums que vous pouvez retrouver sur son bandcamp.

05 – ZED “Visions of Dune” (1979)
L’influence de la science fiction sur retrouve aussi chez ZED sur l’album Visions of Dune inspiré de l’œuvre de Frank Herbert. Bernard Szajner s’éloigne ensuite de cette approche abstraite et contemplative pour ses trois albums suivants, cette fois-ci sous son propre nom. Sur le dernier, Brute Reason (1983), un certain Howard Devoto (Buzzcocks/Magazine) passe faire coucou ! Visions of Dune a été réédité par le label InFiné en 2014.

06 – S. Rasmses “Secret” (1978)
Serge Ramses, de son vrai nom Serge Lafosse, publie aussi un unique album dans l’esprit Berlin School (Tangerine Dream, Klaus Schulze) en 1978. Il participe ensuite à de nombreux groupes cultes de la scène minimal wave (synth wave / synth-pop etc.) française: Atom Cristal et Force de Frappe.

07 – Philippe Guerre “Cristal” (1979)
Aucune information en filtre à travers google sur Philippe Guerre. Il publie deux albums en 1979 et 1981: Cristal et Concerto Pour la Mort D’un Clown. Si Discogs mentionne le label PG comme étant néerlandais, je pencherai plus pour une structure créée par Philippe Guerre lui même compte tenu des initiaux de ce dernier.

08 – Joël Fajerman et Jan Yrssen “Racines Synthétiques” (1978)
Joël Fajerman est une figure des musiciens de studio de la variété française. Il collabore par exemple avec Nicoletta, Mike Brant ou Claude François. Il contribue également (avec Jack Arel) au générique de 30 000 000 d’amis. Racines Synthétiques (1978) est publié sur un label d’illustration sonore, cependant certains des morceaux seront repris sur la compilation L’aventure des Plantes, bande originale de la série documentaire du même nom sortie en 1982.

09 – Frédéric Mercier “Pacific” (1978)
Spirit extrait de Pacific (1978) a acquis une certaine renommée et à raison: quel morceau incroyable ! On s’éloigne ici du tropisme que j’ai choisi de défendre à travers cette liste cependant le reste de l’album est dans cet esprit plus planant rassurez vous. Il est cependant un peu moins mémorable que Spirit. Richard Mercier publie de nombreux disques d’illustration sonore ainsi que deux véritables albums.

10 – Besombes et Rizet “Pôle” (1975)
Philippe Besombes et Jean-Louis Rizet sont des figures de la musique underground expérimentale des années 70. Besombes participe par exemple à l’aventure Hydravion. De son coté Jean-Louis Rizet contribue à des albums de Video Liszt, Patrick Gauthier, Odeurs ou John McLaughlin. Ensemble ils enregistrent cet album mais aussi sous le nom de Pôle.