ALBUM: Big Troubles “Romantic Comedy” (Slumberland, 2011)

Après avoir évoqué Minks la semaine dernière, en explorant mon meuble kallax dédié à l’indie-rock je suis retombé sur Romantic Comedy (2011) de Big Troubles paru chez Slumberland Records. Derrière la structure domiciliée à Oakland, nous retrouvons l’activiste Mike Schulman, membre des mythiques Black Tambourine.

Si Slumberland (né en 1989) n’appartient pas à la même génération que Captured Tracks (2008), les deux labels bénéficient du même élan au début des années 2010. La structure californienne sort en 2009 le désormais classique premier album de The Pains of Being Pure at Heart. Cet album ouvre la voix à une deuxième jeunesse pour Slumberland. Au même moment (ou un peu après), émergent ainsi Veronica Falls, Crystal Stilts, Violens et bien d’autres. Cette qualité se retrouve également dans certaines sorties moins commentées à l’époque. Parmi celles-ci j’ai une profonde affection pour ce second (et dernier) album de Big Troubles que j’avais d’ailleurs chroniqué sur Requiem Pour Un Twister.

Big Troubles était un groupe du New Jersey. En 2010, ils sortent un premier album sur le label Olde English Spelling Bee. Alex Craig et Ian Drennan composent alors des morceaux en s’échangeant des démos. Big Troubles devient un véritable ensemble avec l’arrivée de Luka Usmiani et Sam Franklin. Tout ce beau monde (Craig, Usmiani, Franklin) semble être plutôt proche de la bande Real Estate de l’époque, on les retrouve en effet sur Days et St Catherine.

Les quatre musiciens de Big Troubles partent enregistrer Romantic Comedy au Fidelitorium, un studio de Caroline du Nord appartenant à Mitch Easter qui produit également le disque. Si ce dernier semble malheureusement moins actif désormais, il est une personnalité importante du son nord-américain indie des années 80/90. Mitch Easter, en plus de sa carrière de musicien (Let’s Active), produit en effet de nombreuses formations cultes telles que REM, Marshall Crenshaw, Moose, The Windbreakers, Superchunk, Velvet Crush, The Someloves etc.

Le travail de Mitch avec Big Troubles perpétue cet héritage. Romantic Comedy est ainsi un pont entre la jangle pop/powerpop des années 80/90 et la scène indie du début des années 2010. L’album renvoie en effet autant à Let’s Active (voir The Wake) qu’à The Pains of Being Pure at Heart (Softer Than Science, Never Mine). Big Troubles défend une certaine idée de la pop, à la fois mélodique et nerveuse dans une vision proche de Teenage Fanclub (Time Bomb, Engine), Velvet Crush ou The Tyde (She Smiles for Pitctures). La musique de Big Troubles s’inscrit merveilleusement dans cette tradition indie nord-américaine qui emprunte à l’Angleterre sans y perdre sa singularité. Mitch Easter a fait un travail formidable sur les guitares (jangly à fond les ballons!) et plus généralement pour éclaircir et affiner le son du groupe. Loin d’y perdre en grâce, Big Troubles y trouve une certaine allure qui leur va très bien ! Le groupe signe d’ailleurs un hymne avec la fantastique Misery.

Romantic Comedy a également l’excellente idée de faire moins de 40 minutes. L’album s’apprécie d’une traite et surprend par sa cohérence et sa qualité générale. Une douzaine d’années plus tard, il est très agréable d’y revenir. Les chansons sonnent avec la même vitalité qu’en 2011 et offre un magnifique témoignage sur ce groupe méconnu. Indéniablement ce deuxième (et malheureusement dernier) album de Big Troubles est un petit trésor caché du riche catalogue de Slumberland.

Note personnelle: 4/5

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