La franchise originale de La Planète des Singes se termine avec La Bataille de la Planète des Singes en 1973. Cet épisode clôt une saga démarré en 1968 sur une note décevante. Il constitue, en effet, l’un des films les moins réussis dans cet univers. Fort dommage quand on considère l’ensemble des cinq volets.
Revenons d’ailleurs rapidement sur les précédents films. Tout démarre sur le classique La Planète des Singes (1968). Œuvre culte de la SF des années 60, elle est une vraie réussite. Difficile de lui succéder, Le Secret de la Planète des Singes (1970) a beaucoup de défauts. Il s’éloigne de l’élément essentiel de l’intrigue (le remplacement des humains par les singes) et se fourvoie dans une science fiction un peu kitsch. Tout n’est pas à jeter non plus, ce coté baroque offre quelques moments intéressants. Les évadés de la Planète des Singes (1971) redresse la barre. Il recentre son sujet et développe l’univers avec esprit. Enfin, avant dernier épisode, La Conquête de La Planète des Singes (1972) est presque aussi bon que le tout premier épisode. Le film arrive à renouveler la franchise sans la trahir. Pour moi il s’agit du trésor caché de la série.
Le quatrième film pouvait laisser entrevoir une fin digne de ce nom mais malheureusement La Bataille de La Planète des Singes (1973) ne tient pas ses promesses et conclue l’affaire sur une note très molle. Ce film dévoile encore d’avantage les problèmes de budgets par rapport aux itérations précédentes. Surtout le scénario manque d’enjeux malgré quelques sous intrigues. Il est difficile d’avoir envie de suivre l’histoire et de s’en imprégner.
César (joué par Roddy McDowall) se trouve pris à parti entre les humains et les gorilles. Certains humains collaborent avec les singes quand d’autres se sont réfugiés dans les restes d’une grande ville et veulent les éradiquer. En parallèle les gorilles, véritables va-t-en-guerre, tentent de déstabiliser le précaire équilibre incarné par César. Le film est constitué de quelques escarmouches et se finit sur un dilemme moral pour César: les singes valent ils mieux que les humains ?
La Bataille de la Planète des Singes tente donc de jouer encore dans ce registre philosophique mais peine à créer l’environnement propice. Si la psychologie des gorilles peut tenir debout, on peine à comprendre pourquoi les humains réfugiés dans la ville sont aussi agressifs et passifs (vis à vis de leur leader). Il en résulte, selon moi, un scénario peu crédible et vraisemblable. Globalement, pour le dire simplement: on s’ennuie pas mal et le film est assez peu impressionnant visuellement. L’ensemble manque de quelques bonnes trouvailles pour twister un peu l’univers. Le précédent avait, par exemple, parfaitement réussi à trouver un nouvel angle intéressant et renouveler un peu la grammaire de la série.
Le problème de La Bataille de la Planète des Singes vient peut être déjà de son scénario, écrit à trois, contrairement à ces prédecesseurs. Paul Dehn, physiquement diminué, démarre l’écriture mais n’arrive pas à la terminer. Il s’agira de son avant dernier film. Il est alors remplacé par John William Corrington et Joyce Hooper Corrington. Ces derniers viennent alors d’écrire (sur la base d’un livre de Richard Matheson) The Omega Man (1971, Le Survivant). Dehn repasse derrière, réécrit de nombreux dialogues et change la fin, au grand désarroi du couple. Si les variations autour de ce que devait être ce film ont pu jouer dans le résultat, je pense qu’il ne faut pas non imputer tous les défauts de La Bataille de la Planète des Singes à son scénario. Le budget riquiqui n’a pas non plus aider à faire quelque chose d’impactant visuellement ou de proposer des scènes impressionnantes.
J. Lee Thompson rempile pour un deuxième film après l’excellent La Conquête des Singes. Il ne parvient pas ici non plus à sauver les meubles. Les scènes de batailles sont assez risibles, faute de moyen (des figurants pour rendre ça un peu épique !). Parmi les rares surprises, la présence du musicien Paul Williams dans l’un des rôles principaux (Virgil). Vous connaissez peut être ce dernier à travers son rôle mythique de Swan dans Phantom of The Paradise (1974, Brian De Palma). Il s’en sort très bien ici et reste un des rares éléments marquants du film.
Bref La Bataille de la Planète des Singes termine la saga originale faiblement et sans génie. Vraiment dommage, au regard de ce que les différents intervenants (Arthur P. Jacobs, Paul Dehn, Roddy McDowall etc.) avaient réussi à construire sur la longueur à partir du roman de Pierre Boule. Ce film n’est pas catastrophique mais n’apporte pas grand chose à l’univers et l’idée excellente de départ. La Bataille de la Planète des Singes souffre cruellement de ses manques de budget et n’a pas de vraies nouvelles perspectives à développer pour masquer l’absence de moyen. Pour ma part, j’hésite entre ce cinquième volet et le deuxième (Le Secret de la Planète des Singes) comme pire de la série. Celui-ci est un peu moins rococo, cela s’avère être ici un défaut.
note personnelle: 2,5/5







