COMPILATION: V/A “O Toi, Beatnik” (Out of Limits, 2000)

Les compilations de rock sixties sont une de mes marottes depuis 15-20 ans et la découverte du coffret long box Nuggets. Celle-ci m’a ouvert la porte sur un monde insoupçonné. Ont suivi, en vrac, les Back From The Grave, les Pebbles, la série The Scene (The Freakbeat Scene), les deux volumes de Transworld Punk Rave Up, les Wizzz, Ils sont fous ces Gaulois etc. Pour le rock francophone, deux compilations m’ont particulièrement aidé à revoir ma position sur le sujet: Psychégaélic et O Toi Beatnik sorties en 1998 et 2000.

Cette période (fin 90 – début 2000) fut peut être la dernière grande phase des compilations sixties. En tout cas, le filon semble s’être désormais tari et les nouveautés se comptent sur les doigts de la main (merci à elles: Algo Salvaje, Rendez vous chic, Wizzz évidemment ou Le Flash Boum Beat). O Toi, Beatnik est une des premières, après Ils sont fous ces gaulois et Psychégaélic, à creuser le sillon du rock français sixties. 24 ans après, je la trouve toujours aussi pertinente et je pense que c’est une 2-3 meilleures compilations sur la musique beat/garage francophones jamais publiées.

Out of Limits, le label qui l’édite, est également à l’origine d’une excellente compilation sur rock sixties yougoslave à la même période (Jugobeat!) et une deuxième sur la francophonie, plus éclectique que la première (Les Caves and Co Se Rebiffent). Derrière la structure se trouve très certainement un collectionneur passionné français. O Toi, Beatnik est clairement sourcé depuis des needle drops (des enregistrements effectués depuis les vinyles 45 tours originaux) mais la qualité de restitution est plus que convenable. Ce n’est évidemment pas de la hi-fi mais il y a tellement pire ailleurs ! Si les notes de pochettes sont assez simples, elles sont étonnamment assez complètes et informatives. Bref un travail enthousiaste réalisé avec passion à défaut de moyens conséquents.

O Toi, Beatnik tient particulièrement bien les années car sa sélection constitue une solide narration. Les enchainements des morceaux a été fait avec goût et offre un ensemble qui s’écoute très bien d’une traite. C’est souvent un point faible de ce genre de compilation. Les 16 morceaux sont à la fois suffisamment cohérent et variés entre eux. Aucun ne semble d’ailleurs être un filler pour terminer une face. L’autre énorme point fort de la compilation reste la sélection. Celle-ci oscille entre l’intéressant de qualité et le très très bon. Dans la seconde catégorie mentionnons par exemple les Bowlers ou le titre des Sparks. J’ai personnellement aussi un faible pour les trois incursions du coté du Québec. Les Z, Les Chevelles et Equipe 79 font de leur mieux pour aller taquiner Les Lutins ! Mentionnons aussi par exemple les excellents morceaux de Nicolas Nils ou des Forthrights. Enfin O Toi, Beatnik se conclue sur la toujours chouette Les Portes-Clefs du groupe idoine.

Si le monde a changé en 24 ans, O Toi, Beatnik a gardé beaucoup de ses qualités initiales. Finalement le secteur beat/garage francophone n’a pas été tant exploré que ça depuis ici dans l’Hexagone (et jamais officiellement d’une manière systématique). Je pense que la seule compilation publiée depuis, à avoir le même degrés de cohérence/qualité dans un genre proche est Névralgies Particulières, publiée en 2015. J’y reviendrai sûrement ici même un de ces jours !

Note personnelle: 4,5/5

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *