Continuons à couvrir l’actualité de la musique, cette fois ci à travers l’augmentation des ventes vinyles en 2024 en France et aux Etats Unis. Précédemment nous nous intéressions à la santé des lieux musicaux indépendants parisiens (lien) ou à la stratégie de Third Man pour son pop up parisien (lien).
Augmentation des ventes vinyles
Un récent article du site Presse Citron, en date du 20 mars, annonce les chiffres du SNEP (le syndicat des labels) pour l’année qui vient de s’écouler (2024 donc). Sans paraphraser l’ensemble du papier, voici le quelques infos à en retenir:
- le vinyle est désormais plus important en valeur que le CD en France, mais pas en volume (6 millions d’unité versus 10 millions);
- le marché physique progresse légèrement (moins de 2%), une première depuis 11 ans;
- le vinyle continue de progresser (7%) aux Etats Unis pour la 18eme année consécutive, dépassant même le cd en volume, là bas.
Ces nouvelles, d’apparence très positives, contrastent avec mon discours souvent pessimiste ici. Pourtant ces chiffres ne sont certainement pas contradictoires avec les signaux faibles que je perçois et relaie ici régulièrement.
La première chose que l’on constate: l’augmentation du CA des vinyles se fait par le prix et non par le volume. Cela corrobore mon point de vue: les vinyles neufs ont beaucoup augmenté et sont désormais trop chers. Si, apparemment, cela ne pose pas de problème d’un point de vue macro, je pense qu’il faut sérieusement se méfier de l’impact à long terme de cette tactique.
Pour moi, le marché actuel est porté (positivement) par:
- le public des pop stars qui achètent un disque comme un autre objet de merch,
- un public hip hop qui soutient la scène avec, une petite portion qui achètent en espérant revendre avec une marge,
- des boomers / zoomers qui achètent des rééditions premium de disques de leur jeunesse.
Quelle est la proportion de ces publics qui continuera d’acheter des disques dans dix ans ? En tout cas, un segment du marché me semble assez morose: les indépendants. Je ne connais pas les chiffres, donc il s’agit juste d’impressions au doigt mouillé: je pense pas que la situation soit particulièrement flatteuse. J’évoquais encore la semaine dernière une communication de labels québécois en faveur des disquaires indépendants (ici): on se doute qu’ils sont dans une situation précaire si ce n’est en danger.
Je le constate autour de moi, beaucoup de gens ont diminué leurs achats vinyles, certains se reportent sur les CDs (d’où un possible revival à venir). Les prix affectent très négativement les gens. On le voit clairement: les vinyles ont pris plus que l’inflation et c’est démoralisant pour les gens depuis longtemps dans la passion. Il est difficile de faire acte de foi quand un LP vaut 30 euros !
Il y a donc un nouveau public vinyle, on peut s’en réjouir mais espérons que celui-ci s’intéressent tout autant aux esthétiques plus marginales, fassent confiance aux échoppes indépendantes, comme la génération qui achète désormais moins.
Une petite réaction à un tweet
Je suis tombé l’autre jour sur ce tweet, dont voici la capture d’écran.

Si vous suivez régulièrement ce site vous savez que je suis un mordu de support physique (vinyle en tête) et de musique. Encore récemment, dans mon article Musique & Disques j’évoquais le lien essentiel entre la collection de vinyle et ma passion pour la musique. Je ne prétends pas ici que ma manière de faire soit la bonne, ni la seule mais c’est la mienne.
D’abord il y a une opinion sous-jacente qui nécessite d’être sérieusement remise en question: un vinyle n’est pas nécessairement plus cher qu’un CD. Ce n’est pas parce que l’écart sur les nouveautés est indécent (de l’ordre de 10€ je pense) qu’il faut en faire une généralité ! Sur l’occasion, il y a des disques rares en CD qui valent brouzouf et des vinyles pour moins cher qu’un café au comptoir.
Cela n’a aucun intérêt de vouloir faire du gatekeeping et jouer au plus puriste: on s’en fout. L’essentiel c’est de s’amuser, se faire plaisir et y trouver du sens. L’argent peut même être un critère, mais il ne sera jamais le principal. Le disque vinyle est un très mauvais placement. Si vous voulez placer je vous conseillerai d’avantage de mettre de la caillasse en bourse plutôt que de vous payer des collectors. Vous pourrez d’ailleurs lire un article sur ce sujet très bientôt ici même (il est déjà écrit depuis quelques semaines mais l’actu passe en priorité !).
Sur ces bonnes paroles je vous laisse sur un meme que j’ai trouvé rigolo. Ici on défend le vinyle mais aussi le CD, les livres, le DVD ou le blu-ray.
