En voyant le disque à la Fnac le 30 avril dernier, j’avais quelques hésitations. Si j’adore les vidéos youtube de Dabeull, leur humour et la musique, je n’avais pas été emballé par Loving Life en collaboration avec Sofiane Pamart. L’album manquait clairement d’un truc et tournait un peu à vide. Je l’ai écouté une ou deux fois et je l’ai rangé depuis sans aucun regret ni aucune envie de le redonner une chance. Me voilà devant le facing de la grande surface culturelle à hésiter. J’ai finalement cédé à la tentation: c’est une très bonne surprise !
Les labels Roche Musique (et Dabeull Records) communiquent à propos d’Analog Love autour de l’utilisation de la table de mixage de Thriller de Michael Jackson. Cette idée se reflète également dans ce visuel exubérant assumant complètement la filiation. Pourtant Analog Love ne doit pas tant au chef d’œuvre du protégé de Quincy Jones qu’à toute une période et un son. Dabeull signe en effet un hommage aussi attachant qu’efficace au son boogie / post-disco de la période.
Plus que MJ, Mtume, Kashif, Kleeer ou le son P-Funk / Dayton (George Clinton, Zapp, Sun, Slave, Shotgun) semblent avoir inspiré David Saïd. Vocodeur, talkbox, basse lourde, rythmique de Linn drums, tous les codes y sont explorés avec un savoir faire saisissant. Le livret détaille d’ailleurs également le matériel utilisé. Sans surprise, les suspects habituels (Oberheim DX, Yamaha DX7, Solina Strings, Minimoog, Jupiter 8, Prophet 5 etc.) sont de la partie ! Analog Life surprend cependant par son sens de l’espace. Les morceaux sont aérés et les arrangements ne noient pas les morceaux.
Ceux-ci sont au nombre de 9 comme pour Thriller ! Dabeull varie les tempos et les ambiances. Analog Love offre ainsi une écoute globale très fluide et dynamique. Ajouté aux qualités sonores déjà évoquées, cet album a vraiment été pensé pour faire plaisir à ceux qui l’écouteront ! Pour se faire, Dabeull a réuni une équipe de choix avec qui il travaille souvent ! Nous retrouvons ainsi les chanteuses Holybrune ou Reva Devito, Jordan Lee, le saxophoniste Ferdi ou le pianiste/producteur Rude Jude (auteur d’un EP dans une veine Yacht Rock l’année dernière !).
L’envolée de saxophone d’I Can’t Stop évoque G-Force de Kenny G tandis que Sweet Baby emprunte à Roger Troutman son DX100 ! In my Mind est un autre moment fort de la face A. La très agréable face B démarre quand à elle sur deux excellents morceaux (Chronic Lovers et What’cha Wanna Do) qui figureraient dans les charts britanniques à quelques pas des disques de Shakatak. Analog Love maintient cette exigence le long des neufs titres.
Ce premier véritable album de Dabeull était attendu et ne déçoit pas, bien au contraire. Il ravive le son des 80s avec un enthousiasme communicatif et un savoir faire insolent. Si Analog Love ne prend pas énormément de liberté avec ses influences, ce défaut est vite oublié une fois le disque posé sur la platine tant la fête est réussie ! Cette passion a été poussée jusqu’à l’objet disque très soigné (pochette gatefold, livret très complet etc.).
note personnelle: 4/5
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