Musiques & Disques: vous avez peut être reconnus le slogan, actuellement affiché en dessous du nom du site. À travers ces mots, je souhaitais expliciter le projet de croqmac.fr, à savoir défendre les musiques que j’aimais, mais aussi le format physique, qui est une partie importante de mon attrait, pour celles-ci. Pourquoi un album en format physique (vinyle ou cd) revêt une importance pour moi, y compris pour le chroniquer, comme nouveauté.
Les disques : un préalable à une chronique
Sur mon récent TOP 40 annuel, c’est simple, je possède tous les disques en vinyles (et accessoirement j’en ai acheté 39 sur les 40 sur mes propres deniers !). Si je suis susceptible d’exceptionnellement chroniquer des disques en numérique, notamment des EPs (comme celui de Gnome), un disque physique (préférablement en vinyle) est un préalable pour potentiellement m’intéresser et me faire écouter un album.
Pour des raisons politiques et pratiques je n’ai pas d’abonnement en streaming pour la musique. Je crois que Spotify est néfaste pour la musique que j’apprécie. Lui filer de l’argent ne me semble pas être la bonne chose à faire. Encore récemment le géant suédois s’est illustré en donnant de l’argent à l’investiture de Trump. Les autres sites de streaming (Apple Music, Deezer) sont un peu plus corrects mais ne redistribuent cependant pas des sommes faramineuses aux artistes.
Par ailleurs, je suis attaché aux disquaires, ils sont en danger, je le répète ici régulièrement ! Un disque physique est aussi un moyen d’assurer l’existence d’un écosystème que je défends. Grâce aux disquaires, je découvre régulièrement des références comme Salvator Dragatto (chronique à venir !) au Silence de la Rue en décembre dernier ou l’album de Michel Carré aux puces en janvier. Les boutiques sont donc un des maillons pour découvrir de la musique. Ils ne peuvent exister sans disques physiques à défendre.
Un moyen de différencier
Sur un plan plus personnel, les disques physiques orientent aussi les albums que je vais écouter. La collection et ma passion pour la musique s’entretiennent mutuellement. Je ne distingue pas l’un de l’autre. Certaines personnes ont un rapport plus distancié à la musique enregistrée et fonctionnent surtout à travers les concerts. J’aime les concerts mais j’aime aussi la musique enregistrée, peut-être plus encore. C’est probablement des restes de ma phase musique électronique, où la performance est réalisée par des disc-jockeys, avec de la musique enregistrée.
Faire un disque physique est aussi une forme d’investissement pour un groupe. Si tu es capable de sortir de l’argent pour éditer un vinyle, alors peut-être que tu crois un peu dans ta musique. Si tu ne crois pas dans ta musique, sur quelle base je dois y croire moi ? On le sait tous, avec la facilité de mettre de la musique sur les plateforme, il y en a trop qui sort. Je le mentionnais encore en début d’année (à lire ici): il y a plus de musique qui sort en une journée que sur toute l’année 1989 ! Une statistique assez déprimante pour exister dans cet océan non ?
Au delà de proposer de faire un pressage, il y a aussi la disponibilité en France (et en UE car la problématique est la même). Certains labels nord-américains (et notamment québécois malheureusement) ne proposent pas des distributions correctes en Union Européenne. On peut s’interroger sur une telle démarche, surtout si elle est associée à une démarche de RP orientée vers le marché hexagonale, en parallèle. Personnellement, il m’est un peu difficile de vouloir parler d’un album dont je sais que les lecteurs ne pourront pas se le procurer, à moins de craquer leur PEL et l’acheter en import dans le pays d’origine. Dans une autre époque, un rédac’ chef pouvait bloquer une chronique si le disque n’avait pas de distribution hexagonale. Pourquoi estime-t-on aujourd’hui que ce n’est plus un problème ? Cela pose encore une fois de la question dont le streaming a changé (négativement) notre rapport à la musique. On considère que spotify est une forme de distribution suffisante alors même qu’on sait que le site propose des conditions d’existence viciées à ceux qui y mettent leur musique.
Des conséquences sur ma pratique de l’écriture
J’achète généralement (l’immense majorité) les disques que je chronique ici. Au delà de m’assurer un point de vue plus impartial sur les albums (j’adore qu’on m’offre des vinyles, ceci dit, faites le !), c’est un moyen pour moi de donner le temps nécessaire à chaque disque pour lui rendre justice. J’aime à laisser vivre un disque, le laisser m’accompagner dans mes journées. Je l’écoute ainsi sur un ordinateur mais aussi sur une platine, à différents instants. J’aime que l’album puisse venir à moi. Je sors donc rarement mes textes au moment du pic promotionnel. Cela prive de retombées (comme les mentions dans les textes des RP ou les liens des groupes sur les réseaux sociaux). J’aimerai aussi en développer un autre ici rapidement.
Avec internet, le streaming etc., les fenêtres d’ouverture pour les albums sont devenues minuscules. Je l’ai moi même constaté dans ma pratique de label avec Croque Macadam et Requiem Pour Un Twister. Tout cela a amené les labels et groupes à développer des parades, en particulier la multiplication des avant-premières, notamment publier plusieurs clips en amont de la sortie. Au delà d’avoir créer des classes sociales dans les médias (en favorisant systématiquement certains médias vis à vis d’autres), ces AVP brouillent la beauté d’une sortie d’album. Pourquoi publier une chronique un peu en retard serait un problème ? Cela permet de reparler d’un disque qui le mérite et lui donner une chance de plus de trouver son public. Les groupes et labels ont donc tout intérêt à ce que des gens se penchent sur le catalogue ou des sorties récentes mais déjà exclues de l’actualité. De fait, qu’est-ce que 6 mois ou un an sur une existence ? On peut découvrir un album deux ans après sa sortie et pouvoir voir le groupe en jouer des morceaux. Dans tous les cas il pourra nous accompagner longtemps après !
Voilà donc mes quelques réflexions sur les disques et leur importance, je serai, comme d’habitude, curieux de votre ressenti ainsi que des divers arguments pour compléter ou nuancer mes propos.