PRATIQUE: Comment classer ses disques?

En 2019, Philippe Blanchet et Frédéric Béghin publiait L’art de Ranger Ses Disques, un ouvrage amusant, presque philosophique sur comment classer ses disques. Je vous propose à mon tour, quelques conseils, astuces et réflexions plus conceptuelles sur la meilleure manière de classer ses disques et notamment ses vinyles.

Une véritable réflexion

La collection est une quête intime et une représentation de soi à travers des objets. Les collectionneurs tentent avec leurs modestes moyens d’avoir prise sur le réel. De ce fait, le classement revêt une importance toute particulière. il matérialise la carte mental de chaque passionné. Un rangement a plus qu’une simple dimension pratique, il s’agit de créer sa représentation idéale.

Classer: les différentes approches

Si vous discuter avec des passionnés de musique avec des collections importantes (supérieur à 1000 disques disons), chacun aura sa manière personnelle d’organiser la musique. Le classement n’a rien d’anodin: il s’agit de pouvoir trouver rapidement un album (ou un 45 tours) désiré sans se prendre la tête pour se souvenir de son emplacement. Contrairement au streaming où une barre de recherche permet d’accéder facilement (trop?) au disque désiré (enfin de moins en moins !), il faut physiquement trouvé le disque !

Bref, même si chaque approche est personnelle, il y a quand même quelques grandes idées générales communes à la plupart des classements. Voici pour moi, les grandes similitudes:

  • l’ordre alphabétique,
  • l’approche par genres musicaux,
  • le tri par année de sortie
  • et, dans une moindre mesure, les labels et artistes.

Chacune de ces méthodes a ses avantages et ses inconvénients, nous allons voir lesquels ! Souvent les collectionneurs et collectionneuses optent pour plusieurs stratégies en parallèle.

La médaille et son revers

L’ordre alphabétique a le mérite d’être assez simple à organiser et penser. Sur le papier, pas de prise de tête: il suffit juste de classer un disque par son nom d’artiste/groupe à la lettre concernée. Pourtant vous voyez peut être déjà les limites ! Faut-il compter les articles (The, Los, Les) comme une lettre ? La règle serait de répondre par la négative mais dans certaines situations les articles en question sont un élément important de l’identité du groupe. Par exemple The pour les Beatles, Stones, Kinks, n’est pas essentiel. En revanche pour L’impératrice, La Souris Déglinguée ou The Clash, difficile de se passer de cet article ! Autre limite au rangement alphabétique: pour les artistes en solo faut-il utiliser le prénom ou le nom de famille ? D’usage, il s’agit du nom de famille mais avec encore une fois la possibilité que l’association prénom et nom soit une volonté de l’artiste, comme c’est le cas d’Alice Cooper par exemple.

Je ne suis personnellement pas très fan du tri par année de sortie, qui nécessite parfois une recherche active. Les dates de sorties ne sont pas systématiquement indiquées, de surcroit, faut-il considérer l’année d’enregistrement ou de première publication ? À quelle décennie appartiennent des inédits des années 60 publiés dans les années 90 (par exemple Rolled Gold de The Action) ?

L’approche par genres musicaux est souvent décriées car nettement moins objective que les deux précédentes approches. Il faut reconnaître qu’elle possède de nombreux défauts. Que faire des groupes qui changent de style au cours de leur carrière (Fleetwood Mac, Status Quo et tant d’autres !) ? Surtout que faire des disques dans des genres orphelins de notre collection ?

Pour la musique électronique ou les collectionneurs d’artistes spécifiques, il n’est pas inintéressant de séparer les disques en fonction des artistes ou des labels. En dance music, le label est souvent aussi important que l’artiste. Je pense par exemple à Salsoul, Hospital Records, Skint, Prelude, TK, Moving Shadow, Nervous Records, Ed Banger, Soma etc.

mon classement personnel

Personnellement j’ai renoncé à avoir une approche théorique du classement et je privilégie une approche plus pragmatique et sensible. Je pense qu’il faut faire preuve de souplesse et s’autoriser de ne pas respecter systématiquement l’approche générale que l’on a choisi initialement. Une collection est un plaisir personnel et son organisation doit aussi le refléter.

J’ai choisi pour ma part de ranger par genres musicaux. Cette démarche est généralement critiquée par les tenant de l’alphabétique/numérique. J’y trouve pourtant le plus de satisfaction ! C’est probablement mon coté passeur de disques qui ressort là, je trouve ça plus gratifiant de mettre ensemble des disques musicalement proches.

Ainsi j’ai quelques grandes familles ensuite déclinées en intercalaires. Mes grandes familles principales sont pour les 33 tours:

  • la francophonie
  • le classic rock 60/70
  • punk / powerpop
  • l’AOR / yacht rock
  • indie historique (80-90) et divers revival (garage/psyché)
  • new wave / post-punk
  • le monde hispanophone (Espagne, Pérou, Argentine etc.)
  • le reste du monde (Brésil, Japon, Turquie, Antilles, Afrique, Europe de l’Est…)
  • la soul / funk / disco
  • les bandes originales et la musique d’illustration sonore
  • etc.

Chaque grande famille a son espace dans mes meubles et se réparti ensuite en différent intercalaires. Ces intercalaires peuvent être consacrés à des artistes spécifiques ou des genres.

Par exemple pour la francophonie voici quelques exemples d’intercalaires de mon meuble:

J’utilise aussi l’alphabétique pour classer l’indie contemporain (depuis les années 2000) car il était globalement difficile d’associer le contenu de ces disques avec des genres historiques sans leur faire perdre de leur sens.

Classer, des aspects pratiques

Je vous recommande bien sûr la lecture de quelques articles dédiés à la pratique de la passion vinyle:

Le rangement des 33 tours est assez aisé, il existe de nombreux meubles dans le commerce dédiés à ce format. L’option la plus connue reste évidemment le célèbre Kallax de chez Ikea. J’en ai moi même quelques uns (en photo) ! Vous avez aussi de nombreuses options de meubles plus élégants pour disposer votre platine ainsi que quelques disques. Ces choix ne permettront cependant pas d’optimiser le rangement d’une collection importante ! Je pense qu’au delà d’un certain nombre et si vous êtes propriétaire, l’option du meuble sur mesure n’est pas un luxe si démesurée (j’ai opté principalement pour cette option). Reste que même en prévoyant de la marge, vous allez arriver un jour au l’autre à remplir tout l’espace !

Classer les 45 tours est en revanche une tannée à laquelle je n’ai toujours pas de bonne solution. Au fur et à mesure des années, j’ai opté pour différentes solutions: boîte en bois (le moins moche mais pas le plus pratique), boîtes en carton (pas très sexy mais pas chères et très pratique) et désormais boîtes en plastique (meilleur compromis) de la marque Really Useful Box. J’apprécie particulièrement leurs boîtes car elles sont de qualité et empilables. Elles sont désormais (Brexit oblige…) un peu plus difficiles à trouver mais vous pouvez toujours passer par Planète Disque pour les acquérir. Je passe également par ce site pour mes achats d’intercalaires ou pochettes plastiques. Pour les 45 tours j’ai aussi un petit espace dédié dans un meuble sur mesure mais insuffisant pour l’ensemble de ma collection dans ce support que j’affectionne tant.

Pour conclure: il n’y a pas de meilleures méthodes pour classer. Il faut avant tout trouver un rangement qui correspond à sa manière de penser. L’objectif d’une organisation est d’accéder facilement à un disque, il faut donc privilégier une approche qui nous correspond. Pour les 33 tours, il existe de nombreuses options sur le marché, le 45 tours est en revanche un marché de niche qui n’a pas les faveurs des enseignes d’ameublement.

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