OPINION: vive les objets physiques !

Deux actualités récentes me donnent l’occasion de revenir sur un sujet qui m’est cher: les objets physiques. Que ce soit les CDs, les vinyles, les DVDs, les blu-rays (mais peut être pas les cassettes !): j’aime pouvoir accéder à des œuvres culturelles à travers des objets physiques. Musique, littérature, cinéma et même jeu vidéo: cette question a sa place en 2025 et n’est pas un combat d’arrière garde.

Une pétition contre la destruction des jeux vidéos

Mi-juin a été déposé une pétition contre la destruction des jeux vidéos sur le site des initiatives européennes. Il est possible de la signer jusqu’au 31 juillet 2025. Je vous invite évidemment à lire la présentation qui en est faite sur le lien ! En tout cas pour résumer rapidement l’idée: cette pétition vise à ce que les jeux puissent être jouables/fonctionnels à travers le temps et empêcher les éditeurs de bloquer cette possibilité (par exemple en obligeant le joueur à se connecter à un serveur qui n’existe plus pour lancer un jeu).

Toujours dans le domaine du jeu vidéo, vous n’êtes pas sans savoir que Nintendo a lancé récemment la Switch 2. Une partie de la ludothèque physique (vendu en boîtier) a la particularité, dérangeante, de n’être qu’une clef pour un téléchargement. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter cet article.

Ces observations ne font que renforcer mon sentiment personnel: il faut défendre les objets physiques et fonctionnels. Quel est l’intérêt d’avoir un objet s’il n’est pas utilisable par lui même ? D’ailleurs, notre deuxième actualité pose exactement la même question !

Lorde vend un CD illisible

Sorti à la fin du mois de juin 2025, de nombreuses personnes ont eu une désagréable surprise en achetant la version cd de l’album: ne pas pouvoir le lire ! On peut par exemple, lire l‘information sur le site de BFM TV. En cause ? Le CD est transparent et ne permet pas sur de nombreuses platines de le lire (car la surface réfléchissante permet au laser de lire la musique).

Lorde est assez coutumière, en 2021, avec son précédent album, elle avait proposé une version discless avec un bon de téléchargement (lien vers un article), en lieu et place d’un classique CD. Cela évoque évidemment le cas des cartouches de la Switch 2 !

Cette stratégie traduit selon moi quelque chose de plus profond. Que ce soit Lorde ou son entourage (management, label…): les objets physiques n’ont pas vocation à être utilisés mais être de simples supports de merch. J’évoquais le sujet le 18 avril dernier: le support n’est plus qu’un prétexte pour donner quelque chose à vendre aux fans plutôt qu’un moyen d’écouter de la musique.

Défendre les objets physiques (et leur utilisation)

S’ils ont leurs défauts (la place que ça prend, le coût, la disponibilité etc.), voici les quelques points qui me viennent en tête pour défendre les objets physiques:

  • Les objets physiques favorisent le hasard de la découverte et l’humain
  • les objets facilitent le choix
  • vous y avez toujours accès, quand bien même le label/éditeur disparaît ou le créateur pète une durite
  • le plaisir d’avoir un vinyle (ou un cd etc.) entre les mains
  • finance souvent plus sainement l’écosystème concerné.

Il y a plus de deux ans, j’écrivais Algorithme tu nous enfermes. En substance, je pense toujours la même chose. Pour la musique (ou le cinéma) les sites de streamings comme spotify, ont tendance à vous orienter (j’y reviens bientôt !) vers leurs préférences ou favoriser les très gros. À l’inverse, acheter physiquement des disques (ou des dvds) entraînent un autre type de rapport. On peut se faire conseiller par le taulier (l’humain) ou se laisser porter par une pochette (ou un pitch) et tenter des découvertes.

De surcroît, les objets offrent un horizon fini. Ce n’est pas une mauvaise chose, parfois on se perd dans le choix et diminuer le nombre de possibilité rend les choses plus faciles ! Tout le monde a eu cette sensation d’incertitude face à l’offre pléthorique d’un site de streaming. Passer par des vinyles ou des dvds réduit alors le doute.

Le troisième point me semble très intéressant. Une fois qu’une œuvre culturelle est fixée sur un objet physique, elle a le mérite d’exister sous cette forme quelque soit les décisions du label, de la société de production ou tout simplement du créateur. Si vous avez les dvds de South Park vous aurez accès aux épisodes que Paramount + ne souhaite pas diffuser (c’est une vraie information). Si demain un label disparaît et son catalogue avec, vous aurez toujours vous accès à la musique en question. Aujourd’hui, au niveau de la musique, tout semble ou presque disponible. Vous aurez cependant des surprises dans les années à venir. Quand les contrats seront caduques, de nombreux disques n’intéressant pas les foules ne seront pas reconduits. Il est important de prendre conscience que l’accès en stream est toujours temporaire, suspendu à votre abonnement d’une part et à l’acceptation des artistes des conditions d’autre part.

Plus anecdotique, mais quand même réel: il y a un certain plaisir dans la matérialisation d’une œuvre. Avoir un disque entre les mains, l’acheter etc. Tout cela offre de la joie. C’est un petit plaisir certes mais cela rend aussi la vie un peu plus agréable et moins sujette à une rationalisation à outrance.

Enfin, dans la musique ou le cinéma, les ventes d’objets physiques assuraient certainement une partie de la viabilité. Une partie actuelle des problèmes, par exemple l’augmentation des cachets des musiciens, découle aussi du changement de modèle économique (CF ce papier). Acheter des disques permet de maintenir un écosystème bénéfique à la diversité dont, par exemple les disquaires.

SVP: des objets physiques fonctionnels

Si le cas de Lorde ou des cartouches Switch 2 est plutôt exceptionnels. Je dois quand même reconnaître que le problème touche aussi le vinyle. En 2023, je m’interrogeais sur le fait de démarrer une collection de disques, un des points relevés dans la partie contre était la question du contrôle qualité. La situation s’est légèrement améliorée mais je continue de tomber régulièrement sur des disques vinyles neufs qui ne sonnent pas bien (bruits de fond), je trouve ça assez intolérable avec les prix pratiqués (les vinyles neufs sont trop chers) aujourd’hui. Pour moi ce manque de soin traduit encore une fois le décalage entre certains labels et les passionnés: des objets à collectionner ou à écouter ?

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