PRATIQUE: le DJing en vinyles

En juin dernier, j’évoquais avec vous comment utiliser une table de mixage, je continue d’explorer le sujet du DJing, suite à une récente discussion avec le twitter musique, lors d’une session disquaire en janvier dernier. Cet article comporte quelques conseils généraux mais aussi plus spécifiques au format vinyle. Ces préconisations sont basées sur ma propre expérience. Je mixe dans ce format depuis une quinzaine d’années et j’ai aussi mixé en CDs. Désormais ce sont surtout les clefs USB qui sortent mais j’aime toujours autant joué en vinyles quand j’en ai la possibilité ! Ces conseils ne sont évidemment pas universels, mais, ils peuvent aider à y voir plus clair !

DJing en vinyles: préparer sa sélection

Préparer une sélection est un prérequis en vinyles. Il est bien sûr possible d’en faire de même avec des clefs USB mais ce n’est pas une obligation et généralement, pas aussi important. En effet, on peut juste partir avec ses clefs sans les refaire systématiquement. En vinyles, la démarche est nécessaire et de surcroit plaisante à faire !

Il faut réfléchir au contexte (bar, club, public etc.), thème (s’il y en a un) etc. Comme tous les choix, préparer une sélection comporte son lot de décisions et éliminations. Il faut aussi penser à des disques qui puissent aller ensemble. Si certains morceaux ne rentrent pas dans la logique des autres, il peut être pertinent de les écarter. Il vous faut en revanche du choix ! Ma règle personnelle: je prends généralement le double de ce dont j’ai besoin. Par exemple pour un set de trois heures je vais prendre 120 vinyles. Je fais le calcul suivant: environ 20 morceaux joués par heure, prendre le double et multiplier par le nombre d’heures ( 2 x 20 disques x 3 heures = 120 disques).

Préparer sa sélection a vraiment des vertus. Votre inconscient note les disques que vous avez pris et vous aurez plus de facilité à trouver quoi passer après une chanson. D’une manière générale, la mémoire visuelle est un gros avantage du DJing en vinyles: cela aide vraiment à spontanément sélectionner des chansons.

Quel format ?

Je vous renvoie en premier sur mon article sur les différents formats de vinyles mais voici quelques remarques plus adaptées au contexte du DJing en vinyles.

Les DJs de musique électronique, rap, R&B, disco, préféreront les maxis 45 tours en 12 pouces (pour pouvoir faire du beatmatching) . Les DJs sixties (garage-rock, northern soul, rock & roll) ou indie (punk, garage, powerpop) seront plus adaptes des 45 tours en 7 pouces. Dans tous les cas, on évite plutôt les albums en 33 tours. La raison en est simple: il faut trouver facilement le morceau et avoir un volume sonore important sur la source.

Tant que possible, évitons donc les albums mais, avec l’âge, je me suis un peu assoupli sur cette règle. Il y a des morceaux compliqués/chers à trouver en format court et d’autres qui n’existent tout simplement pas ! Reste que si j’ai carte blanche, je pense d’avantage me concentrer sur les 45 tours car je trouve ça plus logique et évident à utiliser en situation. Il faut toujours trouver des solutions qui permettent d’avoir à moins se poser de questions en situation. Comme pour la cuisine ou un concert: la préparation facilite l’exécution et rassure sur sa capacité à bien s’en sortir !

Qu’est ce qu’on prend ?

Un truc à ne pas oublier et qui doit aussi vous guider pendant une sélection: les vinyles pèsent lourd ! Il faut donc vraiment avoir en tête cela quand on les choisit. Il y a évidemment de nombreuses solutions pour les transporter. Les DJs de musique électroniques apprécieront les trolley pour éviter de faire souffrir leur dos. Si vous avez une sélection plus restreinte en 45 tours, vous pouvez trouver des boîtes dédiées, c’est assez apprécié dans les cercles sixties par exemple !

En plus des disques, idéalement, il vous faut:

  • un casque
  • deux cellules
  • deux centreurs.

Pour le casque je vous renvoie évidemment à mon article sur le sujet ! Cependant pour être rapide: on prend un casque avec une impédance faible et on oublie jamais d’avoir sur soi un adapteur jack 6.3 (même si la majorité des tables de mixages modernes ont les deux options). Les cellules sont généralement recommandées, surtout si vous n’avez pas d’informations précises. C’est attendu que les DJs ramènent les leurs (comme les cymbales pour les batteurs). Si je devais faire une observation: les bars ont souvent leurs propres cellules tandis qu’en club il faut ramener les siennes. Enfin les centreurs sont un indispensable si vous mixez en 45 tours. Ils ont souvent disparu des platines, avoir les siens sur soi permet des coups de stress inutiles ! Inutile de les payer trop chers. Il en existe différents styles, à clipser ou les classiques. Perso j’ai eu les deux, je pense que les seconds sont plus pratiques à l’usage. Pas obligatoire mais quand fort utile: une brosse et un chiffon.

Quelques recommandations en vrac pour les vinyles

Les disques vinyles sont assez fragiles et sont souvent malmenés dans ces contextes ! Donc voici quelques recommandations, acquises parfois à la dure, avec les années.

Eviter de laisser des vinyles à coté d’une lampe allumée. Cela peut sembler un conseil assez basique mais j’ai déjà eu des disques fondus (CF le 45 Tours d’Alan Sorrenti en photo dans cet article) ou une boîte légèrement brûlée ! En contexte, il est facile d’oublier ses règles élémentaires en étant concentré. Le mieux c’est de réfléchir à ça dès le début du set afin d’éviter une mauvaise surprise en rentrant.

Faire très attention aux bières et autres boissons. Un grand classique: la bière qui se renverse sur les disques. Donc toujours avoir en tête de bien séparer l’endroit où sont posées les boisons et celui où vous gardez vos précieux disques. Parfois ce ne sera même pas de votre faute: les projections peuvent survenir !

Mettre des pochettes de protection sur les disques. Comme je le disais, les incidents impliquants des liquides sont monnaie courante, mettre une pochette plastique sur un disque, permet d’éviter ce genre de désagréments et protège aussi votre disque d’une usure prématurée liée à des transports réguliers.

Surveiller les platines et les disques. Il y a toujours un esprit taquin un peu alcoolisé qui va avoir envie de scratcher sur le disque qui joue ! Ensuite on peut évidemment se faire voler des disques ou tout simplement les oublier. Avant de partir, on vérifie bien que rien n’a glissé derrière un meuble ou sur le sol.

Quelques conseils généraux sur le DJing

Je ferai un article sur le sujet dédié un jour, mais voici aussi quelques recommandations en vrac qui peuvent vous aider dans votre sélection.

S’adapter au lieu. Les gens sont-ils là pour danser ou kifer la musique ? S’ils sont là pour danser: attendent ils une sélection pointue ou plus populaire ? De fait il est aussi très important de regarder les réactions des gens. Cela donne des indications précieuses sur l’orientation de la sélection. En fonction de l’accueil vous allez plus facilement penser à certains morceaux qui vont donner un coup de boost, ou au contraire calmer le jeu.

Travailler la cohérence de la sélection. Cela peut sembler très difficile sur le papier de savoir quel morceau mettre après une chanson; dans les faits vous pouvez avoir une approche intuitive. Il suffit par exemple d’imager ce que vous voudriez entendre juste après. Il ne faut pas hésiter en revanche de changer de styles de temps en temps. Ce n’est pas une obligation mais je pense que c’est bien de fonctionner en session de 5 à 10 morceaux. Parfois il y a un risque de saturation à ne passer qu’un certain type de morceaux, créer du contraste va amener un peu d’air pour respirer. Il ne faut pas faire l’inverse: une sélection trop décousue va brouiller le message et ne pas permettre aux gens de rentrer dedans. Bref il faut trouver un juste milieu entre une sélection trop linéaire ou chaotique. Quand vous jouez à deux en back 2 back (B2B), il est important de tenir compte du choix de morceaux de votre camarade et de prévenir si vous faites un changement de style !

En illustration: bibi au Briollay Pop Festival, circa 2014, photo d’Alexandre Coulot.

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